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en Babylonie, mais dans l’Aggada il avait une supériorité incontestée ; il excellait surtout à rattacher des entretiens édifiants à des versets bibliques. D’après lui, les prescriptions mosaïques sont au nombre de 613, dont 365 défenses et 248 commandements, que David a résumés dans les 11 vertus suivantes : la droiture, la justice, la vérité, l’aversion pour la médisance, pour la méchanceté et l’injure ; le mépris pour l’impie, l’estime pour le juste, le respect du serment, le prêt sans intérêt, et l’incorruptibilité. Le prophète Isaïe a ramené ces vertus à six, Michée à trois, et le second Isaïe à deux, qui sont : la pratique de la justice et de la charité. Enfin, Habacuc les a comprises toutes sous cette formule unique : « Le juste vit par la foi. » C’est le premier essai qui ait été fait de ramener toutes les lois du judaïsme à un petit nombre de principes.

Grâce à sa profonde connaissance de la Bible et à son esprit élevé, Simlaï était remarquablement préparé pour discuter avec les docteurs de l’Église et leur montrer l’inanité des arguments qu’ils tiraient de l’ancien Testament en faveur des dogmes chrétiens. Dans ces polémiques, Simlaï se montrait excellent exégète. À l’époque où florissait la première génération des Amoraïm, le christianisme était entré dans une voie nouvelle ; à la place de l’Église primitive, où dominait l’élément ébionite et nazaréen, s’était élevée une Église catholique (universelle) dont les dogmes, en partie pauliniens et en partie anti-pauliniens, étaient acceptés par la majorité des chrétiens. C’étaient surtout les évêques de Rome qui avaient contribué à organiser l’Église catholique et à unir en un seul faisceau les nombreuses sectes chrétiennes. Comme ils siégeaient dans la capitale du monde, ils s’arrogeaient la suprématie sur les autres évêques et patriarches, excluaient de la communauté, comme ils le firent au moment où fut discutée la question de la Pâque, leurs collègues qui ne partageaient pas leur opinion, et se faisaient reconnaître comme archevêques et papes. L’unité une fois constituée dans le christianisme, on se mit à examiner et à étudier de plus près les traditions de l’Église. Il s’était formé un certain nombre de nouveaux dogmes pour lesquels il fallait trouver une base dans l’Ancien Testament. La doctrine de l’unité, que les premiers chrétiens avaient conservée comme une tradition de la maison paternelle, s’altéra peu à peu,