démie de Sora, il conserva cette dignité pendant dix ans et mourut à l’âge de quatre-vingt-douze ans (309).
Mar-Schèschét était, comme Hasda, disciple de Rab et auditeur de Huna. Doué d’une mémoire prodigieuse, il savait par cœur toute la Mischna et les autres recueils de lois. Aussi Hasda était-il effrayé de l’abondance des citations que faisait Mar-Schèschét dans chaque discussion ; il est vrai que, de son côté, ce dernier ne suivait pas sans crainte les développements subtils de la dialectique de Hasda. Mar-Schèschét était, en effet, un adversaire déclaré de ces raisonneurs de l’école de Pumbadita qui dissertaient à l’infini sur chaque question pour faire admirer la finesse et l’ingéniosité de leur esprit. Quelqu’un faisait-il à Mar-Schèschét une objection spécieuse, il lui disait aussitôt : « Tu es sans doute de Pumbadita, où l’on veut faire passer un éléphant par un trou d’aiguille. »
On sait par Mar-Schèschét que les gens de la maison de l’exilarque de son époque étaient peu scrupuleux dans l’observance des lois religieuses et avaient des mœurs rudes et grossières. Invité, à plusieurs reprises, à manger chez l’exilarque, il déclina chaque fois l’invitation, et il motiva un jour son refus en déclarant que les serviteurs du Resch Galuta découpaient, pour les faire rôtir, des morceaux de chair sur des animaux vivants. L’exilarque ignorait sans doute ces actes de sauvagerie ; ce fait prouve, au moins, qu’il ne se préoccupait pas de la conduite religieuse de ses domestiques. Ceux-ci jouaient même les plus méchants tours aux docteurs qui étaient en relations avec leur maître et les enfermaient quelquefois dans des cachots.
Le plus jeune amora de cette génération était Nahman ben Jacob, disciple de Samuel (235-324). Il était un des représentants les plus remarquables de ces Judéens de la Babylonie auxquels la large aisance, la sécurité et l’indépendance dont ils jouissaient avaient inspiré un sentiment de présomptueux orgueil. Il épousa Yalta, fille de l’exilarque, qui était veuve, et il adopta le faste et les manières arrogantes de la famille de sa femme. Ayant des eunuques à son service, comme un prince de l’Orient, il les employait parfois à rappeler par la violence ceux qui étaient tentés de l’oublier au respect qu’il se croyait dû. Son beau-père l’avait nommé aux fonctions de juge, et il faisait sentir,