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posé des Juifs de son État en faveur de l’Église, comme si c’étaient des serfs. Cette situation étrange des Juifs ne cessa qu’avec le règne des Capétiens.

Dans l’Europe orientale, la situation des Juifs devint également pénible. Malgré les persécutions de l’empereur Léon l’Isaurien, les Juifs s’étaient répandus dans tout l’empire byzantin, principalement dans l’Asie Mineure et en Grèce. Dans ce dernier pays, ils cultivaient des mûriers, élevaient des vers à soie et fabriquaient de la soie ; ils étaient soumis à toutes les mesures restrictives édictées successivement par les divers souverains de Byzance, « afin qu’ils fussent très humiliés et avilis ». On leur accordait néanmoins la liberté religieuse (vers 850).

C’est à ce moment que Basile le Macédonien monta sur le trône de Byzance. Au fond, cet empereur n’était pas hostile aux Juifs, mais il était hanté par le désir de les convertir au christianisme, et il organisa, dans ce but, des réunions publiques où les Juifs devaient prouver par des arguments irréfutables la supériorité de leur religion ou avouer « que Jésus est le point culminant de la Loi et des prophètes ». Prévoyant que ces discussions n’amèneraient que peu de résultats, il promit aux Juifs qui se convertiraient de les élever aux mêmes honneurs et dignités que les chrétiens. De nombreux Juifs embrassèrent ou firent semblant d’embrasser le christianisme ; Basile mort (886), ils retournèrent à la foi de leurs aïeux. Mais le fils et successeur de Basile, Léon le Philosophe, était bien plus intolérant que son père, il menaça (vers 900) de traiter en apostats, c’est-à-dire de faire mourir tous les Juifs convertis qui pratiqueraient leur ancienne religion.

Sous la domination des khalifes, les Juifs avaient été d’abord heureux, mais peu à peu, surtout après la mort d’Almamoun, ils furent soumis, comme dans les pays chrétiens, à des restrictions humiliantes. Le khalife Almoutavakhil, le troisième successeur d’Almamoun, renouvela contre eux les lois iniques d’Omar, leur imposant, comme aux chrétiens et aux mages, un vêtement d’une couleur et d’une forme particulières, transformant les synagogues et les églises en mosquées, leur interdisant l’accès des fonctions publiques et défendant aux musulmans de les instruire (849--