évalue le nombre de ses auditeurs à douze mille et même au double, ce qui est certainement une exagération ; d’après une source digne de foi, ce nombre aurait été de trois cents. On raconte qu’un jour Akiba, accompagné de tous ses élèves, rendit visite à sa femme qui, jadis, l’avait engagé elle-même à se séparer d’elle et qui, depuis, avait vécu dans la pauvreté. Un récit qui, dans une certaine mesure, est probablement véridique, décrit leur entrevue d’une façon fort pittoresque. De tous les points de la région était accourue une foule immense pour voir l’illustre docteur, et, dans cette foule, sa femme misérablement vêtue. Dès qu’elle aperçut Akiba, elle s’avança vivement, se précipita vers lui et embrassa ses genoux. Ses disciples voulurent la repousser, mais le maître leur dit : « Laissez-la, ce que nous sommes, vous et moi, c’est à elle que nous le devons. »
Akiba avait sa résidence habituelle à Beni Berak, où se trouvait également son école ; cette ville était située près d’Asdod (Azotus). Mais, comme membre du Synhédrin, il était obligé de se rendre souvent à Jabné, car ses collègues prenaient rarement une décision quand il n’assistait pas à leurs délibérations. Un jour, le Synhédrin, en l’absence d’Akiba, discuta longuement sur une question très grave, sans pouvoir la résoudre. C’est ce qui lui fit dire : « Quand Akiba n’assiste pas à nos séances, nous semblons être privés de la lumière de la Thora. » Mais les hommages qui lui étaient prodigués de toutes parts ne lui inspirèrent nullement l’orgueil, compagnon presque inséparable de la gloire, il continua à garder vis-à-vis de ses maîtres et de ses collègues une attitude simple et modeste. Sa sagesse et son habileté inspiraient la plus grande confiance, et il fut souvent chargé des missions les plus délicates, qu’il acceptait toujours avec une bienveillante obligeance.
Ce fut lui qu’on délégua auprès des communautés extra-palestiniennes pour recueillir des secours en faveur des Judéens de la Palestine, ruinés par la guerre, ce fut encore lui qui dut annoncer à ces communautés l’intercalation d’une année supplémentaire. Il fit ainsi des voyages très lointains, il alla à Antioche, en Cilicio (Zephirion), en Cappadoce et, plus à l’ouest, jusqu’en Phrygie, et, d’un autre côté, jusqu’en Mésopotamie (Nehardéa).
Le principal adversaire de la méthode d’Akiba fut Ismaël ben Élisa. Ce docteur, qui cherchait dans l’explication et l’interpréta-