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sur le Talmud. Il est désigné sous le nom de Rabbénou Tam.

À cette époque eut lieu un événement qui se produisait pour la première fois depuis la clôture du Talmud. Sous la présidence de Jacob Tam, de nombreux rabbins de France se réunirent en synode pour prendre certaines mesures rendues nécessaires par les circonstances et le temps. Ce furent peut-être les conciles tenus en France par les papes Pascal, Innocent II, Calixte et Alexandre III, qui inspirèrent aux rabbins l’idée de convoquer un synode. Les assemblées rabbiniques étaient naturellement entourées de moins de pompe que les conciles ; elles se réunissaient dans une localité quelconque, où la foire attirait d’habitude de nombreux Juifs, à Troyes ou à Reims.

Ce fut, selon toute apparence, dans un de ces synodes qu’au souvenir des persécutions de la deuxième croisade, et pour éviter de mettre en danger la sécurité des communautés, on défendit à tout Juif d’acheter des crucifix, des vases ou des ornements d’église, ou tout autre objet servant au culte catholique. À un autre concile, auquel prirent part cent cinquante rabbins de Troyes, Auxerre, Reims, Paris, Sens, Dreux, Lyon et Carpentras, de la Normandie, de l’Aquitaine, de l’Anjou, du Poitou et de la Lorraine, et qui fut présidé par Samuel et son frère Tain, on prit diverses résolutions. Ainsi, on interdit à tout Juif de citer un de ses coreligionnaires devant la justice du pays, à moins que son adversaire se refusât à comparaître devant un tribunal fuit. Il fut aussi défendu à tout Juif de chercher à se faire confier, par les autorités du pays, les fonctions de prévôt ou chef de la communauté. Ces fonctions ne devaient être accordées que par l’élection et à la majorité des voix des membres de la communauté. Quiconque transgressait ces défenses était excommunié. On renouvela également, à ce synode, la menace d’excommunier les dénonciateurs et les traîtres. Enfin, on décida que la mesure prise par Guerschom contre la polygamie ne pourrait être abolie que pour des motifs très graves et par une réunion d’au moins cent rabbins venus de trois différentes régions, de l’Île-de-France, de la Normandie et de l’Anjou. Toutes ces décisions eurent force de loi en France comme en Allemagne.