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Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/21

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de l’intolérance chrétienne. L’unité du judaïsme babylonien n’était plus représentée que par les académies de Sora et de Pumbadita ; mais celles-ci aussi étaient près de leur fin.

La mort de Saadia (942) amena la décadence irrémédiable de l’école de Sora. Quoique Saadia eût laissé un fils, Dossa, qui était versé dans le Talmud et la philosophie, on lui donna comme successeur son ancien rival, Joseph ben Satia. Sous ce gaon, l’académie de Sora perdit la prépondérance que Saadia lui avait assurée sur l’école de Pumbadita. Celle-ci était alors dirigée par Ibn Sardjadou, homme fort riche, établi pendant longtemps comme commerçant à Bagdad, et qui avait été élevé au plus haut grade de la hiérarchie académique sans avoir eu à franchir les échelons inférieurs et sans jamais avoir été membre du Collège. Il possédait quelques connaissances philosophiques et avait publié un ouvrage sur la philosophie et un commentaire sur le Pentateuque.

Pendant les dix-huit années qu’Ibn Sardjadou resta en fonctions (943-960), il travailla de tout son pouvoir, à l’exemple de son prédécesseur Kohen-Cédék, à étendre l’influence et l’autorité de son école. De toutes parts on lui adressait des questions rituéliques. L’académie de Sora, au contraire, déclinait de plus en plus ; elle ne recevait plus de subsides du dehors et, par conséquent, ne pouvait plus entretenir d’élèves. Sa décadence devint telle que son chef, Joseph ibn Satia, l’abandonna lui-même pour se rendre (vers 948) à Bassora.

Les Juifs de Sora voyaient arriver avec douleur la fin de l’école fondée par Rab, qui, pendant plus de sept siècles, avait fait la gloire de leur communauté. Ils essayèrent donc de relever leur académie. Quatre jeunes savants furent envoyés à l’étranger pour recueillir des dons et réveiller l’intérêt des communautés juives en faveur de cette ancienne et vénérable école. Mais la fatalité paraissait conspirer contre l’académie de Sora. Les quatre délégués furent faits prisonniers, sur les côtes d’Italie, par un amiral hispano-maure, Ibn Ruhami, et expédiés, l’un en Égypte, l’autre en Afrique, le troisième à Cordoue et le dernier probablement à Narbonne. Loin d’aider à la reconstitution de l’école de Sora, ces quatre savants contribuèrent par, leur départ, involontairement,