Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/233

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furent englobés dans le châtiment mérité par un petit nombre de criminels. Plusieurs centaines de Juifs furent pendus, d’autres, condamnés à la prison perpétuelle, d’autres, enfin, expulsés du pays et privés de tous leurs biens. Pour leur extorquer de l’argent, des chrétiens sans conscience menaçaient les Juifs apeurés de les accuser de fabriquer de la fausse monnaie. Édouard Ier mit fin à cette exploitation en décrétant (mai 1279) que les dénonciations pour fabrication de fausse monnaie ne seraient plus recevables que jusqu’au mois de mai de l’année suivante.

Bientôt les fausses accusations se multiplièrent contre les Juifs. Une fois, c’était le meurtre d’un enfant chrétien à Northampton ; les prétendus coupables furent arrêtés à Londres, écartelés, et les cadavres furent suspendus à une potence (2 avril 1279). Une autre fois, on raconta que les Juifs avaient proféré des injures contre la croix, la religion catholique et la Vierge. Le roi prononça la peine de mort contre les blasphémateurs (1279), mais il eut soin d’ajouter que ce châtiment ne devait leur être appliqué que lorsqu’ils auraient été déclarés coupables sur le témoignage d’hommes sérieux et honnêtes. Alors, pour amener en quelque sorte les Juifs à blasphémer, les dominicains usèrent d’un stratagème. Avec l’autorisation du roi (1280), ils essayèrent de convertir les Juifs et, dans ce but, ils prêchèrent devant eux, espérant que l’un ou l’autre se laisserait aller à prononcer une parole offensante contre le christianisme.

Un des esprits les plus remarquables de ce temps, le philosophe Duns Scot, alors professeur à Oxford, et qui devait cependant beaucoup aux œuvres du philosophe juif Ibn Gabirol, proposa un singulier moyen pour amener sûrement la conversion des Juifs. Selon lui, il était du devoir du roi de ravir les enfants juifs à leurs parents, de les baptiser par force et de contraindre, en même temps, les parents à accepter le baptême. Malgré son équité et son bon sens, Édouard Ier céda peu à peu aux obsessions de sa mère et des dominicains et abandonna les Juifs à la haine des moines. Ceux-ci s’empressèrent alors de dresser un réquisitoire contre les Juifs d’Angleterre auprès du nouveau pape Honoré IV, les accusant d’engager les Juifs convertis à retourner au judaïsme, d’entretenir des relations amicales avec les chrétiens, de les inviter à