Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/238

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

partisans, s’attaquant surtout à ces perpétuels raisonneurs qui ne voulaient croire qu’à ce qui leur semblait conforme à la logique. Malgré sa vénération pour Maimonide, il lui reprochait amèrement d’avoir rabaissé le culte des sacrifices en le considérant comme une concession faite aux idées païennes qui régnaient encore à cette époque en Israël. Il en voulait surtout à la philosophie de nier l’existence des mauvais génies et, par conséquent, l’existence des anges, et le caractère sacré de la Bible et du Talmud. Initié aux mystères de la Cabale, il considérait cette fausse science comme t’expression de la sagesse divine, qu’il était dangereux d’enseigner à des profanes. Sas fils Lévi et Joseph étaient également des adeptes de la Cabale.

Sur les trois cabalistes de ce temps qui propagèrent la doctrine mystérieuse et lui conquirent de nouveaux partisans, deux devinrent les amis de Todros et lui dédièrent leurs œuvres. Ces trois cabalistes remarquables étaient : Isaac Allatif, Abraham Aboulafia et Moïse de Léon, tous trois d’Espagne. Par leur enseignement, ils altérèrent le spiritualisme juif, remplaçant un culte pur et élevé par des croyances superstitieuses et souvent outrageantes pour la divinité, répandant les erreurs les plus grossières et portant au judaïsme un coup dont les conséquences néfastes n’ont pas encore complètement disparu de nos jours.

Le plus sensé des trois était certainement Isaac ben Abraham Allatif, et le plus excentrique, Abraham Aboulafia. Esprit fantastique et faux, Abraham Aboulafia (né à Saragosse en 1240 et mort après 1291), qui essayait de créer un nouveau monde à l’aide de combinaisons cabalistiques, aimait passionnément les aventures. Sa vie, depuis qu’il avait atteint l’âge d’homme, n’avait été, du reste, qu’une suite d’entreprises plus hasardeuses les unes que les autres. Il résolut d’aller à la recherche du fameux Sabbation et des tribus disparues qui, d’après la légende, seraient établies près de ce fleuve. Mais avant d’entreprendre ce singulier voyage, il se dirigea vers la Palestine, se maria en route, en Grèce, puis abandonna sa jeune femme et se rendit à Saint-Jean-d’Acre. Devant les ruines que les Mongols avaient alors semées dans toute la Syrie et la Palestine, il dut renoncer à continuer son voyage en Asie.