même contre l’évêque. Les malheureux persécutés trouvèrent également appui et protection auprès du conseil de Bâle et de Fribourg. Les magistrats de Cologne écrivirent à leurs collègues de Strasbourg qu’ils suivraient leur exemple dans leur conduite à l’égard des Juifs.
L’accusation d’empoisonnement fut examinée à Benfeld, en Alsace, par une assemblée où se trouvaient réunis Berthold, évêque de Strasbourg, des barons, des seigneurs et des délégués de plusieurs villes. Les députés de Strasbourg plaidèrent éloquemment la cause des Juifs, même contre leur évêque, qui, par haine ou par ignorance, déclarait les Juifs coupables et demandait leur extermination. Ce fut l’évêque qui l’emporta. On décida d’expulser les Juifs de toutes les villes de la partie supérieure du Rhin (vers la fin de 1348). À la suite de cette résolution, les Juifs, encore tout saignants des coups que leur avaient portés les Armleder et leurs bandes, étaient absolument considérés comme hors la loi. On les expulsait ou on les brûlait à volonté. Chassés des villes, ils étaient assommés dans les campagnes par les paysans.
À Bâle également, ils subirent d’horribles supplices. Parqués dans une île du Rhin, ils furent enfermés tous dans une maison construite spécialement dans ce but, et brûlés. Après cette exécution sommaire, le conseil décida que pendant deux siècles aucun Juif ne pourrait plus s’établir à Bâle. Quelques jours plus tard, ce fut le tour des Juifs de Fribourg.
Dans les provinces rhénanes, ce fut la populace de Spire qui ouvrit la série des massacres. Elle se rua sur les Juifs, en tua une partie, en jeta une autre dans les flammes ; un très petit nombre de ces malheureux accepta le baptême.
En dépit de ces violences, les magistrats de Strasbourg persistèrent dans leurs sentiments de bienveillance à l’égard des Juifs. Le bourgmestre Wintertur demanda partout des informations, pour avoir en main des preuves nombreuses de l’innocence des Juifs et pouvoir résister aux clameurs du peuple, qui réclamait leur mort. Malheureusement, il ne trouva qu’un appui insuffisant auprès des conseils des autres villes. Seuls les magistrats de Cologne approuvèrent sa conduite courageuse. Mais il dut bientôt céder aux exigences de la foule. Les corporations ouvrières se