Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/296

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mais aussi les exemplaires de la Bible et du Talmud étaient garantis contre toute confiscation. Ils obtinrent surtout des privilèges commerciaux considérables. Ils pouvaient prêter jusqu’au taux de 80 pour 100 et exiger des gages. Manessier de Vesoul, qui avait dirigé cette négociation avec zèle et habileté, fut nommé à un emploi élevé à la cour. C’est lui qui était chargé, sous sa responsabilité, de recueillir les taxes annuelles imposées à ses coreligionnaires. Ces privilèges attirèrent de nombreux Juifs en France.

Cette situation créa aux Juifs bien des envieux. Par crainte de la concurrence, les médecins chrétiens se plaignaient que leurs collègues juifs n’eussent subi aucun examen et les accusaient d’être de simples charlatans. Les juges et les divers fonctionnaires, n’exerçant plus aucune autorité sur les Juifs et n’ayant, par conséquent, plus l’occasion de leur soutirer de l’argent, leur reprochaient de commettre de nombreux abus. Enfin, le clergé constatait avec chagrin qu’ils ne portaient pas toujours le signe d’infamie sur leurs vêtements. Devant ces doléances et ces récriminations, Jean II eut la faiblesse d’imposer de nouveau quelques restrictions aux juifs.

Quand le dauphin, sous le nom de Charles V, fut monté sur le trône, il s’empressa d’abolir les restrictions apportées par son père aux privilèges des Juifs et de les autoriser à prolonger leur séjour en France. Il les défendit aussi avec énergie contre la haine du clergé. Quelques prélats avaient, en effet, laissé prêcher dans le sud de la France qu’il était interdit aux chrétiens, sous peine d’excommunication, d’entretenir des relations avec les Juifs, d’allumer leur feu, de leur donner ou de leur vendre de l’eau, du pain ou du vin. Le gouverneur du Languedoc invita alors, au nom du roi, tous les fonctionnaires à punir sévèrement tous ceux, laïques ou ecclésiastiques, qui traiteraient les Juifs en ennemis.

Ainsi, en France comme en Allemagne, les Juifs, après avoir souffert de cruelles persécutions, avaient de nouveau trouvé quelque sécurité. Nais les maux qu’ils avaient endurés a-, aient a1aibli en eux l’activité intellectuelle et les avaient rendus impropres aux travaux de la pensée. Quoique l’enseignement du Talmud eût été très florissant en France pendant deux siècles entiers, depuis