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Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/323

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sans doute continuer à y demeurer que par autorisation spéciale. Il en resta également dans les territoires qui ne dépendaient pas directement de la couronne de France, dans le Dauphiné, dans une partie de la Provence, et dans la région d’Arles. Les papes aussi leur permirent de séjourner dans le Comtat-Venaissin, à Avignon et à Carpentras.

Ceux des proscrits qui ne purent pas s’établir en France même se réfugièrent en Allemagne et en Italie. Très peu d’entre eux se rendirent en E3pagne. Depuis les massacres de 1391, ce dernier pays n’offrait plus que peu de sécurité aux Juifs. Des communautés françaises tout entières allèrent se fixer dans les villes piémontaises d’Asti, de Fossano et de Moncalvo, où elles purent conserver le rite spécial de leurs synagogues. Mais à la plupart des malheureux exilés on pouvait appliquer ces paroles du prophète Amos : « Il fuit devant un lion et il se heurte contre un ours, il se précipite dans sa maison, s’appuie contre un mur, et voici qu’il est mordu par un serpent. » Partout où ils s’établissaient, ils avaient à subir des persécutions, provoquées très souvent par des Juifs renégats.


CHAPITRE XII


Conséquences de la persécution de 1391. — Marranes et apostats. — Nouvelles violences
(1391-1420)


Pendant les terribles massacres de 1391, des milliers de Juifs avaient accepté le baptême pour sauver leur vie ou celle d’êtres qui leur étaient chers, mais leur conversion n’était qu’apparente. Une fois chrétiens, ils ressentaient pour le judaïsme un amour peut-être plus profond encore qu’auparavant. Ce n’étaient pas, en effet, les clameurs sauvages et les excès sanglants des persécuteurs et encore moins le râle plaintif des malheureuses victimes, égorgées en si grand nombre sous leurs yeux ; qui pouvaient faire