de ses nouveaux amis, de se consacrer à l’explication des prophètes historiques, que les commentateurs avaient négligés jusqu’alors sous prétexte qu’ils étaient clairs et faciles à comprendre. Comme il s’en était déjà occupé auparavant, il acheva assez rapidement ce travail.
Personne mieux qu’Abrabanel n’était préparé pour expliquer ces parties historiques de la Bible. Outre qu’il était familiarisé avec la langue hébraïque, il avait l’expérience des affaires et savait l’art compliqué de la politique, connaissances qui sont nécessaires pour bien se rendre compte de la fondation, du développement et de la décadence du royaume d’Israël. Une autre supériorité qu’il avait, c’est qu’il était en état de pouvoir utiliser également les ouvrages des commentateurs chrétiens et qu’il sut en tirer la quintessence. Aussi réussit-il, dans ses commentaires, à éclairer plus d’un point obscur des prophètes historiques. Il sut, en général, donner à son travail un caractère scientifique, mettant de l’ordre dans ces récits et faisant précéder chaque livre d’une introduction lumineuse et d’un sommaire, comme il l’avait vu faire par des auteurs chrétiens. Ses commentaires seraient certainement devenus populaires ou auraient, du moins, mérité de l’être, s’il s’était montré moins prolixe et s’il n’avait pas traité avant chaque chapitre une série de questions souvent inutiles. Il a également le tort de disserter à perte de vue sur des problèmes philosophiques, qu’il expose d’autant plus longuement qu’il les comprend moins.
Dans le domaine de la foi, Abrabanel marcha sur les traces des Nahmanide et des Hasdaï. Jugeant avec sévérité tous ceux qui s’étaient permis de parler librement du judaïsme et de ses dogmes. il déclare hérétiques les recherches d’Albalag et de Narboni et fait l’injure à ces savants de les placer sur le même rang que le peu scrupuleux apostat Alphonse de Valladolid. Il en veut aussi à Lévi ben Gerson, parce que celui-ci n’accepte pas tous les miracles sans examen. À l’exemple de Joseph Yaabéç et des obscurantistes de son temps, il est convaincu que c’est en punition des tendances rationalistes de certains penseurs juifs que ses coreligionnaires d’Espagne sont si durement frappés. Il oublie que les Juifs d’Allemagne, d’une piété presque outrée, et qui ignoraient