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Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/438

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ou seraient trouvés en Portugal, les huit mois écoulés, seraient réduits en esclavage.

Ces conditions arrêtées, un groupe considérable de Juifs espagnols, au nombre d’environ 95.000, passèrent les frontières portugaises et gagnèrent les villes que le souverain leur avait désignées pour leur séjour provisoire. Outre la taxe qu’ils versaient au trésor royal, ils avaient encore à payer un impôt aux bourgeois de ces villes.

Quoique les Juifs fussent relativement peu nombreux dans le petit pays du Portugal avant l’arrivée de leurs coreligionnaires d’Espagne, plusieurs d’entre eux s’y distinguèrent pourtant par leur savoir. João II eut à son service plusieurs médecins juifs. D’autres Juifs étaient d’habiles mathématiciens et d’excellents astronomes. À cette époque, où le Portugal brûlait d’une sorte de fièvre pour aller à la découverte de nouvelles contrées et nouer avec elles des relations commerciales, les mathématiques et l’astronomie, considérées jusqu’alors presque comme des sciences d’amateur, avaient une grande valeur pratique. Pour trouver le chemin des Indes, ce pays de l’or et des épices dont les Portugais rêvaient sans cesse, il fallait, en effet, renoncer au simple cabotage et gagner la haute mer. Mais il n’était pas possible de se lancer en plein Océan, à moins de risquer de s’égarer, si l’on n’avait pas des points de repère sur l’immensité des eaux, et si l’on ne pouvait pas se rendre compte, par la hauteur du soleil et des étoiles, de la direction qu’on suivait. Les hardis navigateurs qui partaient pour la découverte de nouveaux mondes avaient donc besoin de tables astronomiques. On sait que précisément l’astronomie avait été cultivée avec succès par quelques Juifs d’Espagne, et qu’au XIIIe siècle un chantre de Tolède, Isaac (Zag) ibn Sid, avait établi des tables astronomiques, connues sous le non de Tables alphonsines, et adoptées, avec des modifications peu importantes, par les savants compétents de l’Allemagne, de la France, de l’Angleterre et de l’Italie.

Quand le roi João II eut résolu de faire partir du Portugal des navires pour aller à la découverte des Indes par l’océan Atlantique, il convoqua une sorte de congrès astronomique pour rédiger des tables pour les navigateurs. À côté du célèbre astronome allemand