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de l’Espagne et des autres pays, et il exprima le désir qu’on célébrât comme un nouveau Pourim la date où lui et ses coreligionnaires de Grenade avaient été sauvés de l’opprobre et de la mort. Voici quelques vers de ce poème :

Annoncez la nouvelle en Afrique et en Égypte,
Communiquez-la aux enfants de la Terre Sainte,
Faites-la connaître aux anciens de Pumbadita,
Transmettez-la aux docteurs de Sora,
Inscrirez-la dans des annales
Pour en perpétuer le souvenir dans l’éternité.

Le premier représentant de la période rabbinique remporta cet éclatant triomphe dans la même année où mourut Haï, le dernier représentant du gaonat en Babylonie.

La défaite d’Ibn Abbas rendit inoffensif un autre ennemi de Samuel. Ibn Abi Moussa Bakkana, vizir à Malaga, avait comploté avec Ibn Abbas la perte du ministre juif. Quand Ibn Abbas fut mort, Ibn Abi Moussa resta sans appui et se trouva, par conséquent, dans l’impossibilité de nuire à Samuel.

On sait par un historien du temps que, s’élevant au-dessus des scrupules religieux de son époque, Samuel ou, comme l’appelaient les Arabes, Ismaël ibn Nagrela employait dans les pièces administratives les formules consacrées par les usages musulmans. Ainsi ses ordonnances commençaient par ces mots : Hamdou lillaki (Gloire à Dieu !). Mentionnait-il le nom de Mahomet, il ajoutait : Que Dieu prie pour lui et le bénisse. Il exhortait ceux auxquels il adressait ses mandements à conformer leur vie aux prescriptions de l’islam. Bref, il observait dans les pièces officielles les coutumes en vigueur chez les musulmans.

Il parait sûr que Habous et plus tard Badis conférèrent à Samuel un certain pouvoir sur les communautés juives de Grenade. C’est ainsi que s’explique le titre de Naguid (prince) dont il est qualifié par ses coreligionnaires. En même temps que ministre d’État il était rabbin, et il remplissait toutes les fonctions que comportait cette dignité, enseignant le Talmud et rendant des décisions sur des questions religieuses. Son premier ouvrage fut une méthodologie du Talmud, qu’il fit précéder d’une introduction énumérant