Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/56

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la suite des représentants autorisés du judaïsme, depuis les membres de la Grande Synagogue et les Tannaïm jusqu’aux gaouim et ses maîtres ; Moïse et Hanok. Il composa également un commentaire sur le Talmud, où il élucide de nombreux points de casuistique. Habile versificateur, il écrivit des prières pleines d’onction et de ferveur sur le modèle des Psaumes, des maximes et des paraboles sur le modèle des Proverbes, et enfin un traité de philosophie pratique à l’imitation de l’Ecclésiaste ; il intitula ces divers recueils Ben Tekilim (Fils du Psautier), Ben Mischlè (Fils des Proverbes) et Ben Kokélét (Fils de l’Ecclésiaste). Il écrivit aussi des épigrammes et des panégyriques, mais ces compositions poétiques, remplies d’excellentes idées, manquent d’élégance, de grâce, de chaleur et de clarté. De là le proverbe : Froid comme la neige du mont Hermon ou les poésies du lévite Samuel.

Sous l’inspiration d’une profonde piété et de nobles et généreux sentiments, Samuel devint le bienfaiteur de ses coreligionnaires, il soutenait et encourageait la science avec libéralité. Ses relations avec les savants s’étendaient jusqu’en Irak, en Syrie, en Égypte et en Afrique, il faisait des largesses au gaon Haï et à Nissim de Kairouan, distribuait des livres aux étudiants pauvres, se faisait, en un mot, le génie tutélaire des Juifs les plus éloignés. Quand Ibn Gabirol fut frappé par le malheur, il lui prodigua les plus affectueuses consolations. Grâce à sa généreuse protection, les Juifs de Grenade pouvaient remplir des fonctions publiques, servir dans l’armée et jouissaient d’une entière liberté. Après des temps tristes et sombres, c’était une joyeuse éclaircie. Du reste, la tribu des Berbères, maîtresse du pays, éprouvait plus de sympathie pour les Juifs que pour la population purement arabe, qui supportait avec impatience la domination des Sinhagites et dont les regards étaient sans cesse tournés vers le prince de Séville, qui était de son sang et de sa race.

Talmudiste, homme d’État, poète, Ibn Nagrela s’occupait également de linguistique, mais il ne brillait pas dans cette science. Aveuglé par son admiration pour Hayyoudj, il n’admettait pas qu’on pût être d’un autre avis que son maître sur un point quelconque de la grammaire hébraïque. Il composa lui-même sur la grammaire vingt-quatre écrits, dont un seul, le Livre de la Richesse, mérite