Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/57

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d’être mentionné ; les autres étaient des articles de polémique dirigés contre le célèbre grammairien Ibn Djanah. Ce dernier, resté inconnu et méconnu pendant longtemps, est une des gloires du judaïsme espagnol, il mérite d’occuper une des places d’honneur dans l’histoire de la littérature juive.

Iona Merinos, appelé en arabe Abou-l-Walid Merwan ibn Djanah (né vers 995 et mort vers 1050), naquit, comme Samuel ibn Nagrela, à Cordoue. Dans sa jeunesse, il étudia la médecine dans l’école créée par le khalife Alhakem. Vivant à une époque où la langue sacrée excitait parmi les Juifs un vif enthousiasme, il commença par écrire des poésies. Mais bientôt il renonça à la versification pour s’occuper exclusivement de l’étude de l’hébreu ; il atteignit dans cette science une grande supériorité. Aujourd’hui encore, ses travaux peuvent être consultés avec fruit pour l’étude de la langue hébraïque et de la Bible.

Obligé, comme tant d’autres de ses coreligionnaires, de quitter Cordoue à la suite des ravages du Berbère Soleïman (1013), il alla s’établir à Saragosse. Là régnait encore ce préjugé que l’exégèse biblique et les recherches grammaticales étaient dangereuses pour le judaïsme rabbinique. Il est vrai que dans le nord de l’Espagne il existait un certain nombre de communautés caraïtes. Or, on sait que le caraïsme avait toujours montré une prédilection marquée pour ce genre d’études ; ce qui explique l’aversion des Juifs rabbanites pour ces recherches. Néanmoins Ibn Djanah ne se laissa pas détourner de ses études favorites ; il poursuivit avec ardeur ses investigations sur la langue hébraïque et le sens vrai du texte biblique. En même temps, il exerçait la médecine ; il composa même quelques traités sur l’art de guérir. Mais son but principal était l’explication rationnelle de la Bible. Ses travaux grammaticaux n’étaient pour lui qu’un moyen qui devait l’aider à mieux comprendre l’Écriture Sainte.

En sentant approcher la vieillesse, qu’il nommait, avec Platon, la mère de l’oubli, Ibn Djanah se hâta d’achever son œuvre capitale et la nomma La Critique. Il y établit certaines règles grammaticales, qui étaient trop profondes ou paraissaient trop téméraires pour être comprises ou adoptées par tous. C’est Ibn Djanah qui créa la syntaxe hébraïque. Il émit surtout, dans cet