Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/78

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dont voici un extrait : Nous considérons comme une obligation de t’exprimer nos vœux pour les progrès constants de ta gloire, mais en même temps il est de notre devoir d’appeler ton attention sur les fautes que tu commets. Nous invitons ton Altesse à ne plus permettre désormais que des Juifs exercent quelque pouvoir sur des chrétiens. Subordonner des chrétiens à des Juifs et les soumettre à leur jugement, c’est opprimer l’Église de Dieu et exalter la Synagogue de Satan. On méprise le Christ lui-même en cherchant à plaire à ses ennemis.

En Angleterre, la voix de Grégoire VII trouva de l’écho. Guillaume le Conquérant, roi d’Angleterre et duc de Normandie, défendit aux Juifs de posséder des serfs chrétiens et d’engager des nourrices chrétiennes. Mais Alphonse de Castille, préoccupé de projets très graves, ne se souciait pas de mettre, en pratique, dans son royaume, les décrets du concile de Rome, et il conserva ses conseillers juifs. Il cherchait à ce moment à s’emparer du royaume de Tolède. Pour réussir dans son entreprise, il sentait qu’il était nécessaire de détacher du roi de Tolède les princes des contrées voisines et d’obtenir leur neutralité ou leur appui. Grâce à l’habileté de ses diplomates juifs, il put contracter une alliance avec Almoutamed ibn Abbad, le vaillant roi de Séville, et conquérir la vieille et importante cité de Tolède (1080). Il laissa aux Juifs de cette ville les libertés dont ils jouissaient sous le roi vaincu Yahya Alkader.

Après ce premier succès, Alphonse sentit grandir son ambition, et il aspira à conquérir étalement le royaume de Séville. Jetant subitement le masque, il chargea un de ses conseillers, le Juif Isaac ibn Schalbib, de soumettre de sa part à son ancien ami Almoutamed des propositions telles que le roi de Séville ne pouvait les accepter sans déshonneur. Pour donner plus d’autorité à ses paroles, Ibn Schalbib, sur l’ordre de son souverain, se fit accompagner de cinq cents chevaliers chrétiens. Cette mission lui coûta la vie, car les propositions dont il était porteur indignèrent tellement Almoutamed que, violant le droit des gens, il le fit tuer et mettre en croix et jeta son escorte en prison.

À la suite de cet incident, le roi de Séville, craignant la vengeance d’Alphonse VI, résolut, sur les conseils des autres princes musulmans, d’invoquer l’appui du vainqueur de l’Afrique du nord, du