Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/131

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

d’élucider et de résumer les discussions talmudiques relative aux usages religieux et d’établir ainsi des règles certaines pour la pratique. Il travailla à cette œuvre jusqu’à la fin de sa vie, sans pouvoir l’achever. Mais, pas plus que Maïmonide et d’autres docteurs, il ne réussit, en dépit de son esprit clair, net et sagace, à introduire l’ordre et l’unité dans le judaïsme rabbinique.

Le troisième personnage important du judaïsme polonais, Moïse ben Israël Isserlès (né vers 1520 et mort en 1572), de Cracovie, était fils d’un homme riche qui avait été administrateur de la communauté. Il se distinguait plutôt par sa précocité et sa vaste érudition que par l’originalité de son esprit. À trente ans, il était aussi familiarisé avec la littérature talmudique et rabbinique que Joseph Karo, qui avait le double de son âge. Aussi fut-il nommé très jeune aux fonctions de rabbin et juge à Cracovie.

Comme Louria, Isserlès voulut réunir les matériaux disséminés du judaïsme rabbinique et en former un code définitif. Devancé dans cette entreprise par Karo, il se contenta d’ajouter à la a Table v de ce dernier des observations et des rectifications qu’il appela Mappa ou Nappe. Ses additions, marquées au coin d’un étroit rigorisme, furent immédiatement acceptées et constituent encore aujourd’hui en Pologne et chez les Juifs aschkenazim le code religieux officiel. Ce ne fut cependant pas lui qui inventa ces aggravations, elles existaient déjà dans la pratique, et il ne fit que les ériger en règles.

Isserlès ne se confina pas exclusivement dans les études talmudiques, il s’intéressa aussi à d’autres recherches. Ainsi, il écrivit un commentaire sur un ouvrage astronomique, la Theorica de Frohbach. Il s’occupa aussi de philosophie, qu’il ne connaissait, du reste, que par des ouvrages hébreux ; il marqua surtout une prédilection pour le Guide de Maïmonide. Enfin, l’intérêt qu’il manifestait pour l’histoire inspira à un de ses élèves, David Gans, l’idée de s’y adonner d’une façon sérieuse.

David Gans (né en Westphalie en 1541 et mort à Prague en 1613) s’était rendu dès son jeune âge à Cracovie pour y fréquenter l’école talmudique. Mais inconsciemment, sous la direction d’Isserlès, il se sentit attiré vers les recherches scientifiques, l’histoire, la géographie, les mathématiques, l’astronomie. Lié avec