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Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/140

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à ces sermons ; le tiers, au moins, de la communauté devait se présenter à ces réunions. Il imita tous les princes catholiques à prendre des mesures analogues. Détail caractéristique, c’étaient les Juifs qui étaient contraints de payer ces prédicateurs ! Tous les décrets du pape furent appliqués avec la plus rigoureuse sévérité. Il en résulta que de nombreux Juifs s’en allèrent de Rome.

Sous le pontificat de Sixte-Quint (1585-1590), cet ancien gardeur de pourceaux qui déploya une si remarquable énergie dans le gouvernement de l’Église, la situation des Juifs s’améliora. Ce pape s’abstint de les persécuter, il protégea même un Marrane portugais, Lopez, qui l’aida de ses conseils dans l’administration des finances des États pontificaux. Le 22 octobre 1586, il promulgua une bulle pour abolir toutes les lois restrictives de son prédécesseur. Les Juifs purent de nouveau s’établir dans toutes les villes des États de l’Église, entretenir des relations avec les chrétiens et employer des domestiques chrétiens. Amnistie pleine et entière leur fut accordée pour toutes les condamnations qu’ils avaient subies en qualité de Juifs. Sixte-Quint défendit également aux chevaliers de Malte de continuer à réduire en esclavage les Juifs qu’ils capturaient sur mer, dans leurs traversées entre l’Europe et le Levant. Aussi les expulsés juifs retournèrent-ils dans les États du pape ; ils revinrent à Rome au nombre de deux cents. Un chrétien de Rome, Pietro Secchi, qui avait parié une livre de chair à découper sur le corps du perdant avec un Juif du nom de Sansone Ceneda et avait gagné son pari, fut condamné à mort par le pape, parce qu’il avait insisté pour l’exécution des conditions du pari, et le Juif fut condamné à mort parce qu’il avait accepté un pari où son existence était en jeu. Enfin, Sixte-Quint autorisa de nouveau les médecins juifs à soigner des malades chrétiens, mais il maintint la loi qui obligeait les Juifs à assister aux sermons de prédicateurs chrétiens.

Un des principaux médecins juifs de ce temps était David de Pomis (né en 1525 et mort en 1588). C’était un homme de grande valeur qui, à sa science médicale, joignait la connaissance de la littérature classique et de l’hébreu ; il écrivait élégamment l’hébreu