Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/148

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Juifs portugais avec les Marranes établis dans les Indes favorisèrent également les entreprises dès Hollandais.

Il se produisit alors à Lisbonne un incident qui réveilla chez les Marranes les plus tièdes le désir de revenir au judaïsme. En moine franciscain, Diogo de la Asumção, fut amené par une étude attentive de la Bible à croire à la vérité du judaïsme et à nier les dogmes chrétiens, et il exprima ouvertement ses convictions. L’Inquisition le fit jeter en prison, et, après une détention d’environ deux ans, il fut brûlé vif à Lisbonne (août 1603), en présence du vice-roi. En même temps que lui, furent bridés d’autres hérétiques, et, entre autres, une femme marrane, Thamar Barocas, qui avait probablement été en rapports avec Diogo.

En apprenant le martyre subi avec un courage héroïque par un moine chrétien pour la foi juive, les Marranes portugais furent profondément impressionnés et aspirèrent avec une nouvelle ardeur à observer publiquement le judaïsme. Insouciants du danger qui les menaçait, ils pratiquaient ouvertement les rites juifs. Un jeune poète, David Yesouroun, qui, dès son enfance, avait été surnommé dans sa famille le petit poète, célébra avec enthousiasme, dans un sonnet portugais, la mort glorieuse de Diogo de la Asumção. Pour échapper à la colère de l’Inquisition, il se réfugia à Amsterdam. Là, il fut émerveillé de la situation heureuse des Juifs, et il chanta la nouvelle Jérusalem dans des vers espagnols d’une superbe allure. Un autre jeune poète marrane, Paul de Pina, tout prêt à se faire moine, fut déterminé par le martyre de Diogo à se rendre à Amsterdam pour y embrasser le judaïsme. Il prit le nom juif de Rohel Yesouroun et devint un des plus notables membres de la communauté d’Amsterdam.

Ce réveil de la foi juive parmi les Marranes portugais exaspéra le Saint-Office, qui en fit incarcérer cent cinquante et les condamna à mort. Hais le régent du Portugal s’émut à la pensée d’un si épouvantable autodafé. À la cour d’Espagne aussi, des Marranes intervinrent énergiquement. L’État leur devait des sommes considérables. Ils offrirent au roi Philippe III de renoncer à leurs créances et de lui donner en plus une somme de 1.200.000 crusados (environ 3.000.000 de francs) s’il empêchait