Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/154

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qualités requise à pour une telle œuvre. David Pardo semble n’avoir eu que peu de valeur. Saül Morteira (1596-1660), qui, comme on l’a vu plus haut, avait accompagné le corps d’Elia Montalto à Amsterdam et y avait été nommé ensuite prédicateur, était un orateur médiocre et se contentait de suivre les voies battues. Isaac Aboab de Fonseca (1606-1693) n’était pas de plus large envergure. Originaire du Portugal. il était venu à Amsterdam avec sa mère et devint un prédicateur influent et aimé. Mais il était de caractère indécis, accessible à toutes les influences, et, par conséquent, sans volonté propre. Il resta pendant de longues années à la tête de la communauté d’Amsterdam, eut à résoudre des questions très sérieuses, mais se montra d’esprit étroit, ne sachant ni comprendre le passé, ni entrevoir l’avenir.

Manassé ben Israël (1604-1657) fut une personnalité plus remarquable. Il avait étudié la bible et le Talmud sous la direction d’Isaac Uziel et en avait acquis une connaissance très sérieuse. Par la force des circonstances il devint polyglotte, ayant appris le portugais dans sa famille, l’hébreu en sa qualité de Juif, le hollandais dans son pays d’adoption, et le latin comme ; langue littéraire. Doué d’une grande facilité de parole, il fut nommé prédicateur et réussit dans ces fonctions. C’était aussi un écrivain fécond, et, quoique mort jeune, il a laissé de meilleurs et plus nombreux ouvrages que ses collègues. Il ne se distinguait ni par la profondeur de ses conceptions, ni par un extérieur imposant, mais on l’aimait pour son affabilité, pour ses manières mesurées, bienveillantes et modestes. Tout en connaissant la littérature profane et la théologie chrétienne, il était fermement attaché au judaïsme traditionnel ; il croyait même aux élucubrations de la Cabale.

Tels étaient les hommes qui avaient la charge de diriger la jeune communauté d’Amsterdam. Leur autorité était grande. Pour l’administration, ils délibéraient avec des délégués laïques nommés par la communauté. Mais dans les questions religieuses, ils décidaient d’abord seuls, sans le concours des laïques, et leurs décisions avaient force de loi ; ils avaient même le pouvoir d’infliger des châtiments spirituels aux membres récalcitrants. Il arrivait