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Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/158

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luthériens, qui reprirent avec une nouvelle vigueur leurs attaques contre les Juifs. Parmi eux se signala, par la violence de sa haine et son implacable fanatisme, Jean Müller, doyen de l’Église Saint-Pierre, qui ne cessa de réclamer la fermeture des synagogues (de 1631 à 1644). À ses diatribes, le sénat répondit qu’il n’était pas possible (le défendre aux Juifs de prier et chanter des psaumes, qu’eux aussi avaient besoin d’observer une religion, et que, du reste, ils quitteraient la ville avec leurs capitaux, au grand dommage du bien-être général, si leurs synagogues étaient fermées.

Ces raisons ne calmèrent pas la colère du doyen Müller, qui continua ses excitations enflammées contre les Juifs. Il fut soutenu dans sa campagne par les trois Facultés de théologie de Wittemberg, de Strasbourg et de Rostock, qui, sur les instances de Müller, défendirent sévèrement aux malades chrétiens de recourir aux soins de médecins juifs. Ainsi, en plein XVIIe siècle, quand la guerre sanglante de Trente ans démontrait avec une si éclatante évidence la nécessité de la tolérance, des prêtres luthériens voulaient remettre en vigueur contre les Juifs des décisions prises par les conciles du temps des Visigoths ! Les temps étaient heureusement changés. Christian IV, roi de Danemark et du Schleswig-Holstein, le principal appui des protestants après Gustave-Adolphe, celui-là même auquel Müller avait dédié son ouvrage anti-juif, attacha à sa personne comme médecin le juif Benjamin Moussafia.

À Hambourg même, les efforts de Müller restèrent stériles. La bourgeoisie de cette ville entretint avec les Juifs des relations de plus en plus cordiales. Plusieurs d’entre eux représentaient même des princes comme agents commerciaux ou politiques. Le roi de Portugal avait comme agents, à Hambourg, Duarte Nunès da Costa et Jacob Curiel, et le roi catholique Ferdinand IV nomma comte palatin un écrivain juif d’origine portugaise, Immanuel Rosalès.

La communauté d’Amsterdam essaima aussi à l’étranger, elle établit une colonie au Brésil, que les Portugais avaient découvert et peuplé, et surtout dans la ville de Pernambouco. Le gouvernement portugais avait fréquemment expédié dans ce pays des