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Henri II les autorisa (1650), sous le nom de nouveaux chrétiens, à demeurer à Bordeaux et à s’y adonner au négoce. Extérieurement ils se conduisaient en chrétiens faisant baptiser leurs enfants, se mariant avec le concours de prêtres chrétiens et portant des noms chrétiens. Mais en secret ils pratiquaient le judaïsme. Ce fut miracle que, malgré les dénonciations des fanatiques, ils échappèrent aux massacres de la Saint-Barthélemy. En 1636, Bordeaux comptait deux cent soixante Marranes. Il y eut aussi une petite communauté marrane à Bayonne et dans d’autres localités. Cinquante ans plus tard, Louis XIV permit aux nouveaux chrétiens de se déclarer ouvertement Juifs.


La Guerre de Trente ans et le soulèvement des Cosaques


(1618-1655)


Pendant qu’en Hollande les Juifs jouissaient presque des mêmes droits que les autres habitants, leur situation était peu satisfaisante dans tout le reste de l’Europe. En Allemagne surtout, le Juif du XVIIe siècle était encore un paria, qu’on outrageait, qu’on méprisait, et dont les souffrances n’inspiraient aucune pitié. À cette époque, on ne trouve plus en Allemagne que trois ou quatre communautés importantes : celles de Francfort-sur-le-Mein, avec 4.000 à 5.000 âmes, de Worms avec 1.400, de Prague avec 10.000, et de Vienne avec 3.000. La communauté de Hambourg était encore toute jeune.

Dans les villes libres de Francfort et de Worms, la haine du Juif prenait sa source dans l’étroitesse d’esprit de la petite bourgeoisie et la jalousie des corporations, plutôt que dans la différence de confession. Ces deux villes considéraient les Juifs comme