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Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/168

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Un autre chef, Ganja, quelques semaines après la victoire des Cosaques, marcha contre la forteresse de Nemirov, où se trouvaient 6.000 Juifs. Ceux-ci, attaqués par les Cosaques du dehors et par les catholiques grecs de la ville, furent presque tous égorgés. À Toulezyn, il y avait 6.000 chrétiens et environ 2.100 Juifs. Parmi ces derniers, la plupart étaient décidés à vendre chèrement leur vie. Ils s’entendirent donc avec la noblesse, sous la foi du serment, pour défendre la ville jusqu’au dernier homme. Pour se rendre maîtres de la forteresse, les Cosaques usèrent d’un stratagème. Ils affirmèrent à la noblesse qu’ils n’en voulaient qu’aux Juifs et qu’ils se retireraient dès que leurs ennemis leur auraient été livrés. Oubliant leur serment, les nobles ouvrirent aux rebelles les portes de la ville. Les Juifs, placés dans l’alternative de se convertir ou de mourir, choisirent la mort ; près de 1.500 furent tués sous les yeux de la noblesse. Celle-ci ne tarda pas à subir le châtiment de son parjure. Privée du concours des Juifs, elle fut attaquée, à son tour, par les Cosaques et massacrée. Cet événement eut au moins pour résultat de resserrer les liens entre les Polonais et les Juifs, et, pendant toute la durée de cette longue lutte, les deux alliés ne cessèrent de se prêter un appui réciproque. Dans le même temps, des haidamaks, conduits par Hodki, pénétrèrent dans la Petite-Russie et tuèrent de nombreux Juifs à Homel, à Starodoub, à Czernigov et dans d’autres villes situées à l’ouest et au nord de Kiew.

Le prince Jérémie Wischniowiecki, le seul personnage polonais qui se signala vraiment comme un héros dans toutes ces luttes, accueillit les Juifs au milieu de sa petite, mais vaillante armée, avec laquelle il poursuivait sans relâche les bandes cosaques. Mais, réduit à ses propres forces et écarté du commandement suprême par la jalousie, il dut se retirer devant le trop grand nombre d’ennemis. Sa retraite eut pour les Juifs les plus terribles conséquences. Ou rapporte que dans la forteresse de Polonnoïé, située entre Zaslav et Zytomir, les haidamaks, auxquels s’étaient joints les catholiques grecs de la ville, massacrèrent 10.000 Juifs.

Par suite de la malheureuse issue de la deuxième guerre entre les Polonais et les Cosaques, il n’y eut plus de sécurité même