Aller au contenu

Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/226

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

revendre, après un délai déterminé, à des chrétiens. II leur était défendu d’élever des synagogues, mais ils pouvaient se réunir dans des maisons particulières pour prier en commun ; ils avaient aussi le droit de nommer un instituteur et un sacrificateur. Ces lettres patentes n’étaient valables que pour vingt ans, mais on leur fit entrevoir que le Grand Électeur ou son successeur les leur renouvellerait.

De ces cinquante familles, sept, les familles Riess, Lazarus et Veit, s’établirent à Berlin ; ce fut là l’origine de l’importante communauté de cette ville. Frédéric-Guillaume ouvrit encore son pays à des Juifs d’autres villes, notamment de Hambourg et de Glogau, qui fondèrent les communautés de Landsberg et de Francfort-sur-Oder.

Dans d’autres circonstances aussi, où l’on ne pouvait pas le soupçonner d’agir par intérêt, ce prince se montra équitable à l’égard des Juifs. Ainsi, lorsque, d’après le plan un peu chimérique du conseiller suédois Skytte, il voulut organiser dans la Marche, à Tangermunde, une Université où l’on enseignerait toutes les connaissances humaines, il proposa d’y appeler aussi des savants juifs. Il contraignit également la Faculté de médecine de Francfort-sur-Oder à recevoir parmi ses élèves deux jeunes gens juifs, Cohen Rofé, dont le père, à la suite du soulèvement des Cosaques, était venu de Pologne à Metz, et un de ses amis, et il leur accorda même des subsides annuels pendant la durée de leurs études.

Dans le Portugal même, la situation des Juifs ou plutôt des Marranes se présentait, à cette époque, sous un jour plus favorable. Sans y avoir jamais été autorisée formellement par la curie romaine, l’Inquisition exerçait depuis plus d’un siècle, dans ce pays, son action néfaste ; elle voulait absolument faire disparaître les Marranes. Mais sa tâche était considérable, car peuple, noblesse et princes étaient infectés de sang juif. Dans tous les couvents, chez les religieux et les religieuses, il se rencontrait des Marranes et des demi Marranes. Le Saint-Office avait le droit d’espérer que, pendant longtemps encore, il trouverait des victimes pour remplir les cachots, alimenter les bûchers et faire remporter de glorieux triomphes à la religion.

Tout à coup, à la cour du Portugal comme dans l’entourage du