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Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/235

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Quelques années plus tard, probablement sur un nouvel ordre du roi Charles XI, deux autres savants suédois allèrent remplir en Lithuanie la même mission que Peringer, et ils demandèrent à des Caraïtes de les accompagner en Suède pour y donner verbalement des renseignements sur leurs croyances. Un jeune Caraïte, Samuel ben Aron, qui savait un peu le latin, se décida à se rendre à Riga. Là, il eut des entretiens fréquents avec un fonctionnaire royal, Jean Puffendorf, mais ne put lui fournir que des informations vagues et peu abondantes.

Ailleurs encore, on s’efforçait de recueillir des données précises sur les Caraïtes. Un professeur de Leyde, Jacob Trigland, assez familiarisé avec la littérature hébraïque, voulait écrire un livre sur les anciennes sectes juives. Désireux d’être renseigné sur les Caraïtes polonais, il chargea des marchands de remettre à tout hasard un questionnaire à des membres de cette secte (1698) et de les prier d’y répondre avec précision. Un de ces questionnaires tomba entre les mains d’un employé subalterne de la communauté de Luzk, le Caraïte Mordekhaï ben Nissan. Celui-ci ignorait les motifs qui avaient poussé autrefois les Caraïtes à se séparer des Rabbanites, mais il considéra comme un devoir de réunir les livres qui pouvaient l’éclairer sur cette question et de communiquer les résultats de ses recherches à Trigland. Malgré son peu de valeur, l’ouvrage de Mordekhaï resta pendant longtemps l’unique source où l’on puisait des renseignements sur les Caraïtes.

Parmi les savants chrétiens qui étudiaient la littérature hébraïque, il s’en rencontra qui, loin d’y apprendre la tolérance à l’égard des Juifs, à l’exemple du Français Richard Simon et de quelques Hollandais, y cherchèrent, au contraire, des armes pour les attaquer. Tels furent Wülfer, Wagenseil et Eisenmenger, tous trois protestants allemands.

Jean Wülfer se mit à rechercher des manuscrits hébreux et d’anciens recueils de prières, dans le but unique de prouver l’exactitude d’une accusation portée contre les Juifs. Ainsi, dans la prière finale, appelée Alènou, où il est question du règne glorieux du Créateur, quelques fidèles avaient l’habitude d’ajouter ces mots : Eux (les païens) adressent leurs prières à une chose sans