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CHAPITRE XI


Profonde décadence des Juifs
(1700-1760)


À aucune époque de leur histoire les Juifs n’avaient peut-être présenté un aspect aussi lamentable, au point de vue de la civilisation, que vers la fin du XVIe siècle et jusque vers le milieu du XVIIe. C’est précisément au moment où, dans les milieux instruits, on s’intéressait à leur sort et où la philosophie battait en brèche les idées d’intolérance et de fanatisme, qu’ils étaient en pleine décadence. On ne trouvait alors parmi eux aucune personnalité éminente ; à peine avaient-ils quelques savants estimables. Isaac Orobio de Castro (mort en 1687), que l’Inquisition avait autrefois condamné au cachot, et qui avait acquis la respectueuse admiration de ses adversaires mêmes par l’ardeur de ses convictions, la dignité de son caractère, ses manières affables et sa polémique serrée, appartenait encore à la génération précédente. Lui disparu, personne, dans la communauté d’Amsterdam, qui était alors la plus cultivée, ne fut capable de prendre sa place. On peut compter les rabbins qui, en ce temps, possédaient des connaissances profanes. Quelques-uns seulement méritent une mention : Yaïr Hayyim Bachrach (1628-1702), rabbin à Worms et à Francfort-sur-le-Mein ; Hiskiyya da Silva (né vers 1659 et mort vers 1698), émigré d’Italie à Jérusalem, et surtout les rabbins Nieto et Brieli.

David Nieto (né à Venise en 1654 et mort en 1728), rabbin à Londres, était à la fois médecin et mathématicien. Il savait défendre avec habileté le judaïsme contre ses adversaires, et ses écrits, où l’on rencontre bien des banalités, contiennent aussi des parties excellentes.

Juda-Léon Brieli (né vers 1643 et mort en 1722), rabbin à