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Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/249

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et étendit de plus en plus ses ravages. Aux sectes déjà existantes s’ajoutèrent de nouvelles sectes. C’est ainsi qu’en Pologne, des illuminés, sous la direction de Juda Hassid (le pieux), de Dubno et de Hayyim Malakh, se mirent à mener une vie d’ascétisme excessif pour se rendre dignes de la délivrance messianique ; ils prirent le nom de Hassidim. Les rabbins ne se rendirent d’abord pas compte du danger que présentaient pour le judaïsme les extravagances de ces sectaires. Mais, lorsque Cevi Aschkenazi, appelé aussi Hakham Cevi, eut appelé leur attention sur ces agissements, et principalement sur la conduite équivoque de Hayyim Malakh, ils s’efforcèrent de les entraver dans leurs pratiques. Près de quinze cents Hassidim, sous la conduite de Juda Hassid, émigrèrent alors de Pologne. Partout où ils passaient, ils se signalaient, comme autrefois les frères flagellants, par les plus pénibles macérations, et invitaient leurs coreligionnaires à la pénitence. Par sa voix tonnante, sa gesticulation et ses larmes, Juda Hassid exerçait une profonde action sur ses auditeurs, surtout sur les femmes.

Arrivés en Palestine, les Hassidim perdirent leur principal chef, Juda Hassid, qui mourut à Jérusalem (octobre 1700). Sans guide, sans conseil, souffrant du plus douloureux dénuement, ils se désorganisèrent. Sous le coup de leurs amères déceptions, les uns se firent musulmans, d’autres se répandirent à travers la Palestine, d’autres, enfin, et, parmi eux, le neveu de Juda Hassid, embrassèrent le christianisme. Hayyim Malakh resta plusieurs années à Jérusalem, où il continua de présider aux destinées d’un petit groupe d’adhérents. Au lieu du Dieu-Un du judaïsme, il enseignait un Dieu en deux ou trois personnes, admettait le dogme de l’incarnation, et rendait un culte divin à Sabbataï, dont il avait fait sculpter une image en bois pour l’exposer à l’adoration de ses partisans. Expulsé de Jérusalem sur les instances des rabbins, il alla rejoindre les Sabbathiens musulmans ou Donméh à Salonique et, de là, se rendit à Constantinople, où il fut excommunié. Il retourna alors en Pologne et y reprit activement sa propagande. Il mourut, dit-on, des suites de son ivrognerie.

Un partisan de Sabbataï réussit à jeter la discorde parmi les Juifs et à créer une agitation des plus funestes ; il s’appelait