Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/260

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d’exécution. Les Juifs de Prague, au nombre de prés de vingt mille, durent quitter la ville en plein hiver ; ils s’établirent provisoirement dans les villages environnants. Mais où chercher une résidence définitive ? Au XVIIIe siècle, les souverains n’étaient plus empressés, comme autrefois, à attirer dans leurs pays les capitalistes juifs. Du reste, les expulsés avaient perdu pendant la guerre une grande partie de leur fortune. Comme Eibeschütz sentait qu’il avait une part de responsabilité dans l’exil des Juifs de Bohème, il s’efforça de leur venir en aide. De Metz, il demanda des secours pour eux aux communautés de Bordeaux et de Bayonne, et il sollicita la communauté de Rome de plaider leur cause auprès du pape, mass il parait n’avoir abouti à aucun résultat sérieux. Les démarches du baron d’Aguilar, de Berousch Eskelès et d’autres Juifs de cour de Vienne, semblent avoir été plus efficaces. Des chrétiens influents, les ambassadeurs de Hollande, d’Angleterre et d’autres pays consentirent également à s’entremettre en leur faveur. Après de longs pourparlers, et quand il eut été prouvé que l’accusation de trahison ne reposait sur aucun fondement sérieux, I’impératrice Marie-Thérèse prolongea de dix ans le droit de séjour des Juifs en Bohème et en Moravie, parce que leur départ causerait au pays un dommage de plusieurs millions. Elle leur imposa pourtant des conditions assez dures. Le nombre des familles admises à résider dans le pays fut strictement limité : en Bohême, environ vingt mille chefs de famille, ou familiants, comme on les appelait, et cinq mille cent en Moravie. Seul, l’aîné de chaque famille avait le droit de se marier. De plus, les Juifs devaient verser au Trésor une somme annuelle de 200.000 florins. Ces restrictions furent maintenues jusqu’à la Révolution de 1848. Eibeschütz, à tort ou à raison, fut déclaré coupable de trahison, et on lui interdit l’accès du territoire autrichien.

Dans les premiers temps de son séjour à Metz, Eibeschütz avait su gagner le respect et l’affection de sa communauté. Ces sentiments se modifièrent peu à peu, et quand le poste rabbinique des Trois Communautés (Altona, Hambourg et Wandsbeck) devint vacant, il le brigua. Grâce à sa réputation de savant talmudiste et aussi de thaumaturge, il fut élu. Comme les Juifs de ces villes