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Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/271

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trompa tout le monde et surtout son père, qui fit imprimer à la hâte son premier ouvrage pour essayer de payer en partie les dettes de son fils.

En général, le prestige des rabbins subit une atteinte considérable de l’affaire des amulettes et de la lutte entre hérétiques et orthodoxes. Divisés en deux camps, se combattant avec une violence excessive, s’excommuniant mutuellement, les rabbins devaient perdre forcément, dans ces tristes débats, une partie de leur crédit et de leur autorité. En Allemagne, les savants chrétiens suivirent ces querelles avec un vif intérêt, et de nombreux journaux en rendirent compte avec une grande exactitude et dans des termes très modérés.

En Angleterre et en France, l’attention publique fut aussi appelée, à cette époque, sur les Juifs : en France par les attaques de Voltaire, et en Angleterre par une première tentative d’émancipation.

Depuis leur retour, sous Cromwell, les Juifs d’Angleterre, surtout à Londres, formaient un groupe isolé dont la situation n’était pas nettement définie. Ils n’étaient pas inquiétés par les pouvoirs publics et. pratiquaient librement leur culte, sans pourtant y avoir jamais été réellement autorisés par une loi. On les considérait comme des étrangers, ils étaient qualifiés d’Espagnols, Portugais, Hollandais ou Allemands, et ils payaient la taxe des étrangers (alien duty). Par exception, le roi accordait parfois le droit de cité à quelque membre riche ou très considéré de la communauté portugaise. Mais, en général, ils étaient soumis à de nombreuses restrictions et même à des vexations. On les dispensait toutefois de certaines obligations le jour de sabbat, par exemple de comparaître comme témoins devant les tribunaux.

Lorsque les Juifs établis dans les possessions anglaises de l’Amérique eurent été naturalisés, des négociants et des fabricants chrétiens adressèrent une pétition au Parlement pour qu’en Angleterre également les Juifs pussent obtenir les droits de citoyen sans être obligés de communier. Le ministère Pelham appuya la pétition, mais elle fut combattue par ceux qui, par préjugé religieux ou par esprit de concurrence, étaient hostiles à l’émancipation des Juifs. Malgré cette opposition, la Chambre des lords vota