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Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/327

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À Nancy, ils reçurent l’ordre de se rendre, à un jour déterminé, dans le temple national pour y abjurer leurs superstitions, et surtout pour remettre entre les mains des autorités les ornements en argent et en or consacrés au culte. Dans d’autres localités, des synagogues furent pillées, les rouleaux de la Loi déchirés et brûlés, et les livres hébreux détruits. Lorsque la Convention eut ordonné de ne plus célébrer de jour de repos que de dix jours en dix jours, et de déclarer le dimanche jour ouvrable, les maires de quelques villes (Strasbourg, Troyes, etc.) étendirent cet ordre au sabbat. À la campagne, des Juifs furent contraints de se livrer aux travaux des champs le samedi et les jours de fêtes juives. Les rabbins aussi furent persécutés comme le clergé catholique. Le rabbin de la communauté de Westhoffen, près de Strasbourg, Isaac Lenczye, fut incarcéré et faillit être exécuté (juin-juillet 1794). David Sintzheim, qui fut élevé plus tard à la présidence du Sanhédrin et qui séjourna alors à Strasbourg, dut fuir de villa en ville pour échapper à la détention, et peut-être à la mort. À Metz, pour que les Juifs pussent préparer le pain azyme pour Pâque, une femme eut l’idée de déclarer aux autorités que, de temps immémorial, ce pain était à leurs yeux le symbole de la liberté. Séligmann Alexandre, de Strasbourg, parent de Cerf Berr, qui était riche et pratiquait ouvertement son culte, fut accusé d’égoïsme et de fanatisme et jeté en prison, quoiqu’il eût versé plus de 40.000 francs à titre de contribution patriotique. Enfin, à Paris on obligea des instituteurs juifs à conduire leurs élèves, les jours de décadi, à l’église Notre-Dame, devenue le temple de la déesse Raison. Mais, eu égard aux excès de cette époque, ce furent là des incidents presque insignifiants. Ce qui fut plus important, c’est que, au milieu des changements de gouvernement, le principe de l’égalité des Juifs fut maintenu. La Constitution de l’an III (août 1795) proclama, en effet, à son tour, l’égalité de tous les citoyens, en déclarant que nul ne peut être empêché d’exercer le culte qu’il a choisi. Elle ajouta sagement : Nul ne peut être forcé de contribuer aux dépenses d’aucun culte, la République n’en salarie aucun. Seule la communauté de Metz souffrit encore quelque temps de certains usages datant du moyen âge.

Dans d’autres pays aussi, où les armées victorieuses de la République