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même à La Haye pour assister à l’ouverture des séances de cette Assemblée (1797) ; ils se trouvaient honorés dans leur propre personne de la distinction échue à leurs coreligionnaires. L’année suivante (1798), Isaac da Costa Atias fut nommé membre du Conseil de la ville, puis élu député et même élevé à la dignité de président de l’Assemblée. Sur l’initiative du chef de la République batave, le grand pensionnaire Schimmelpenik, des Juifs furent également appelés à des fonctions publiques. Moresco eut un emploi auprès du Conseil de la ville d’Amsterdam et Moïse Asser au ministère de la Justice. De toute l’Europe ce fut la Hollande qui nomma les premiers fonctionnaires juifs.

Fiers de leur titre de citoyen, les Juifs de Hollande étaient indignés qu’une partie de leurs coreligionnaires fussent encore traités en Allemagne comme des parias. Ils demandèrent donc à l’Assemblée nationale d’inviter le représentant de la République batave auprès de la République française à proposer au congrès de la Paix, à Rastadt, d’exempter en Allemagne les Juifs hollandais du péage personnel : dans le cas où les princes allemands s’y refuseraient, tous leurs sujets seraient soumis en Hollande à ce traitement humiliant. L’Assemblée nationale accueillit, cette demande.

Partout où pénétraient les héroïques soldats français, les Juifs étaient émancipés. À Venise, qui avait eu le premier ghetto, les murs en tombèrent à l’entrée des Français. Dans le Piémont, un prêtre catholique salua avec enthousiasme, dans la synagogue, l’affranchissement des Juifs. La ville de Cologne, où, depuis le XVe siècle, aucun Juif ne pouvait passer la nuit, dut accorder les droits de cité à un Juif, Joseph Isaac, quand elle fut devenue française (1798).

Pourtant, en France même, l’égalité des Juifs n’était pas tout à fait complète sous Napoléon Bonaparte. Quand ce dernier eut rétabli l’ancien culte catholique et conclu plus tard le Concordat avec la papauté, il ne donna aucune sanction légale à l’existence du culte public des Juifs. C’est qu’il n’avait pas une opinion bien arrêtée sur le judaïsme. Il manifestait à la fois, pour cette religion, un profond respect et un grand dédain. Son admiration était très vive pour le passé de ce peuple, qui avait opposé un courage si héroïque, une si indomptable énergie, aux persécutions et aux