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Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/333

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Cet échec ne les découragea point. Voyant qu’ils ne réussissaient pas en s’adressant à ceux qui représentaient la Confédération allemande, ils résolurent de tenter des démarches auprès de chaque prince en particulier. Deux Juifs surtout méritèrent bien de leurs coreligionnaires dans cette circonstance, Israël Jacobson (né à Halberstadt en 1769 et mort à Berlin en 1828) et Wolf Breidenbach (né près de Cassel en 1751 et mort à Offenbach en 1824), Jacobson, qui était agent financier du duc de Brunswick, obtint de ce prince l’abolition du péage corporel dans ses États de Brunswick-Lunebourg (1803). L’intervention de Wolf Breidenbach fut plus féconde encore. C’était un homme d’une grande élévation de sentiments et d’une rare modestie, qui avait formé son esprit et son cœur par l’étude des œuvres de Mendelssohn et des Measfim. Pauvre étudiant talmudiste à Francfort, il sortit de son obscurité grâce à son habileté au jeu d’échecs. Un personnage influent, prince ou baron, qui aimait ce jeu passionnément, se lia arec lui et lui avança ensuite des fonds pour lui permettre de s’établir comme joaillier et changeur. Devenu riche, Breidenbach résolut d’user de son crédit pour faire abolir le leibzoll partout où il pesait encore sur les Juifs. Comme il prévoyait qu’il aurait besoin de beaucoup d’argent pour atteindre son but, il adressa un appel à ses coreligionnaires d’Allemagne et d’autres pays (septembre 1803). Il entreprit alors des démarches actives auprès des princes réunis à la diète de Ratisbonne, et, grâce à ses efforts persévérants et à son énergie, grâce aussi à l’appui du chancelier Dalberg, il obtint la suppression du péage corporel dans les provinces rhénanes et en Bavière. Même à Francfort, le Sénat, d’ordinaire si malveillant pour les Juifs, consentit, sur les instances de Breidenbach, à abolir la taxe spéciale que les Juifs devaient payer en entrant par une des portes de la ville ou en traversant le pont.

Les efforts des Juifs pour acquérir la liberté civile et l’accueil favorable fait par quelques princes à leurs revendications exaspérèrent leurs adversaires. Sur plusieurs points de l’Allemagne parurent des libelles qui renouvelaient contre eux les mensonges et les calomnies du moyen âge. Toute une série d’écrivains, Paalzov, Grattenauer, Buchholz et d’autres, moins connus ou anonymes,