Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/348

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à régir le peuple d’Israël dans la Palestine, lorsqu’il avait ses rois, ses pontifes et ses magistrats, ne sauraient être applicables depuis qu’il ne forme plus un corps de nation. Pourtant, une assemblée des docteurs de la loi, réunie en grand Sanhédrin, pouvait seule déterminer les conséquences qui dérivent d’une telle distinction.

Partant de ce principe général, le Sanhédrin adopte toutes les décisions votées par l’Assemblée des notables. Ainsi, il interdit la polygamie, déclare que le divorce ne pourra être prononcé selon la loi de Moise qu’après que le mariage aura été dissous par les tribunaux compétents et selon le formes voulues par le Code civil. Il accepte aussi comme valables civilement les mariages entre Israélites et chrétiens, et, bien qu’ils ne soient pas susceptibles d’être revêtus des formes religieuses, ils n’entraîneront aucun anathème. » Pour les rapports des Juifs avec leurs compatriotes chrétiens, le Sanhédrin, après avoir établi que la Bible nous prescrit d’aimer notre semblable comme nous-mêmes, ordonne à tout Israélite de l’empire français, du royaume d’Italie et d’autres lieux, de vivre avec les sujets de chacun des États dans lesquels ils habitent comme avec leurs concitoyens et leurs frères, d’exercer à leur égard la justice et la charité, quelque religion qu’ils professent. Il dispense tout Israélite appelé au service militaire, pendant la durée de ce service, de toutes les observances religieuses qui ne peuvent se concilier avec lui. Enfin, il invite tous les Israélites à rechercher et adopter les moyens les plus propres à inspirer à la jeunesse l’amour du travail et à la diriger vers l’exercice des arts et métiers et les professions libérales, et à acquérir des propriétés foncières comme un moyen de s’attacher davantage à leur patrie. S’appuyant sur le texte biblique, il interdit complètement toute usure, c’est-à-dire tout intérêt excessif, non seulement d’Hébreu à Hébreu et d’Hébreu à concitoyen d’une autre religion, mais encore avec les étrangers de toutes les nations.

Après avoir terminé ses travaux, le Sanhédrin, d’accord avec les commissaires impériaux, se sépara. Ses délibérations furent soumises à Napoléon. Mais celui-ci, alors absorbé par ses campagnes contre la Prusse et la Russie, n’eut guère de loisir pour les