Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/355

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des Juifs qui, par leur science et leur profonde honnêteté, se soient rendus dignes de l’estime générale.

Trois souverains allemands restèrent pourtant réfractaires aux idées d’émancipation, ceux de Bavière, d’Autriche et de Saxe. Maximilien-Joseph, nommé roi de Bavière par Napoléon, promulgua bien un édit (10 juin 1813) qui assurait aux Juifs les mêmes droits qu’aux chrétiens, mais seulement à ceux qui avaient le droit de résider dans le pays. Or, ce droit, on ne le leur accordait que difficilement.

En Autriche, où l’édit de tolérance de Joseph II avait amélioré, dès 1783, la situation des Juifs, les successeurs de ce souverain, Léopold II et François II, loin d’étendre les réformes de leur prédécesseur, conservèrent ou rétablirent les anciennes restrictions. Des impôts de toute nature pesaient sur les Juifs d’Autriche, taxe sur la lumière, sur le vin, sur la viande, sans parler de la taxe imposée à ceux qui se rendaient à Vienne. Dans cette ville, ils étaient étroitement surveillés par de nombreux agents de police, qui arrêtaient tous ceux qui n’étaient pas munis d’un permis de séjour. Le nombre dei mariages juifs continuait à être limité. Le fils aîné seul pouvait se marier. On leur défendait l’acquisition ou la location de biens-fonds.

Dans le royaume, récemment créé, de Saxe, les Juifs restèrent soumis aux lois restrictives qui les avaient régis dans les siècles passés. C’est à bon droit que les Juifs surnommèrent ce pays l’Espagne protestante. Légalement, ils n’avaient pas le droit de séjourner en Saxe ; on en tolérait seulement quelques-uns à Dresde et à Leipzig, mais sous la réserve de pouvoir les expulser en tout temps. Il leur était interdit d’avoir des synagogues ; pour prier, ils se réunissaient dans de simples chambres.

Les Juifs russes, sous Alexandre Ier, étaient traités bien plus libéralement. Une des principales préoccupations de ce généreux monarque était d’améliorer la condition du peuple. À la suite du partage de la Pologne, plusieurs provinces polonaises avaient été annexées à la Russie. De là, dans ce pays, une population juive considérable, au nombre de plus d’un million d’âmes. La plupart d’entre eux étaient commerçants, colporteur, débitants d’eau-de-vie. Leurs manières singulières, leur accoutrement grotesque,