Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/365

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

où il y eut des blessés et des morts. L’ordre ne put être rétabli que par l’intervention des soldats. Sans doute pour punir les Juifs de s’être défendus contre leurs agresseurs, les bourgeois réclamèrent leur expulsion. Elle leur fut accordée. Près de quatre cents familles juives quittèrent alors tristement la ville et allèrent camper provisoirement dans les champs, sous des tentes et dans les villages voisins. Ces scènes odieuses se renouvelèrent à Bamberg et dans presque toutes les villes de la Franconie. Dès qu’on apercevait un Juif, il était poursuivi du cri injurieux de Hep ! Hep ! Jude verreck ! [2]

Francfort aussi donna bientôt le spectacle d’excès populaires (9-10 août). Les Juifs furent grossièrement insultés dans les lieux publics et sur les promenades et assaillis à coups de pierres, leurs fenêtres furent brisées, leurs maisons attaquées et pillées. Les émeutiers tournèrent surtout leur colère contre la demeure de la famille de Rothschild, dont la fortune et la situation excitaient, dans le peuple comme parmi les patriciens, tant de jalousie et de haine. La diète de la Confédération, qui siégeait à Francfort sous la présidence du comte Buol-Schauenstein, appela alors des troupes de Mayence. Mais, malgré la présence des soldats, les troubles durèrent encore plusieurs jours. De nombreux Juifs vendirent leurs immeubles et quittèrent la ville. Rothschild lui-même sembla résolu un instant à partir de Francfort.

L’exemple de ces désordres fut contagieux. À Darmstadt, à Bayreuth, le peuple s’ameuta contre les Juifs ; Meiningen les expulsa. À Carisruhe, on trouva écrits, un beau matin (18 août), sur les murs de la synagogue et des maisons des notables juifs ces mots : Mort aux Juifs ! Il y eut également des scènes de désordre à Hambourg. Les Juifs de Heidelberg aussi auraient été pillés et frappés sans l’intervention courageuse des étudiants, sous la conduite de deux de leurs professeurs, Daub et Thibaut. Dans une petite ville de la Bavière, on alla même jusqu’à prendre une synagogue d’assaut et déchirer les rouleaux de la Loi.

D’Allemagne le mouvement s’étendit jusque dans la capitale