Aller au contenu

Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/375

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

superficiels, la grande majorité des Juifs voulait conserver au judaïsme son ancienne physionomie, jusque dans les moindres détails. Par haine des apostats et des incrédules, ils se montraient d’un rigorisme excessif. Sous l’influence de la lutte, leur piété prit un caractère passionné. Ils réclamaient le maintien des usages les plus contestables, se refusant même à apporter la moindre amélioration â la façon bruyante et disgracieuse dont était célébré le culte dans les synagogues. Le jargon même qu’ils parlaient leur paraissait sacré.

On essaya bien, pour éviter des conflits, de concilier ces deux tendances contraires, mais on ne s’y prit pas avec assez de douceur ni de prudence. Jacob Jacobson, le premier, après l’organisation du Consistoire de Westphalie, s’efforça de donner au culte synagogal de son pays des formes plus compatibles avec la situation nouvelle des Israélites. Il rendit les offices moins bruyants, plus dignes, plus solennels, simplifia le rituel, introduisit la prédication allemande. D’autres réformes, empruntées à l’Église, furent peut-être moins heureuses. À côté des prières hébraïques, il institua des prières en allemand, aux psaumes hébreux d’un caractère si grave et si élevé il ajouta des chants allemands, établit la cérémonie de la confirmation, où jeunes Mes et garçons devaient exposer leur profession de foi israélite. Comme ces nouveautés rencontrèrent de la résistance dans certaines communautés, il menaça de fermer les synagogues qui refuseraient de les adopter.

Avec la désorganisation du royaume de Westphalie disparut l’autorité de Jacobson. Il quitta alors ce ! pays pour aller réaliser ses idées de réforme à Berlin. Dans cette ville, il organisa des offices, dans sa maison, sur le modèle de ceux qu’il avait institués en Westphalie (1815). Plus tard, lorsque les offices furent célébrés dans une salle plus spacieuse, mise à la disposition des fidèles par le banquier Jacob Beer, père de Meyerbeer, on fît usage de l’orgue (1817). Cet oratoire fut surtout fréquenté par des Juifs qui, sans convictions bien sincères, croyaient de bon ton, à une époque où la Sainte-Alliance avait mis la dévotion à la mode, de se montrer également dévots. On y voyait, entre autres, les membres de la Société des amis. Cette petite communauté devint