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Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/387

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et ne méritèrent nullement les accusations dont on les poursuivait. Seuls les Pharisiens, ainsi que leurs petits-neveux les rabbins, encoururent vraiment des reproches, se montrant imbus de superstitions et de préjugés. C’est là le ton de l’histoire de Jost. Il voulait répondre à la fois aux détracteurs et aux admirateurs du judaïsme.

Ou peut reprocher à Pauvre de Jost de manquer d’élévation, de chaleur et d’impartialité ; l’auteur ne voit les choses que par le petit côté. Il rendit pourtant, par son Histoire, un service considérable à ses coreligionnaires. Il étendit le domaine des connaissances de ses contemporains et limita avec précision, pour les événements de l’histoire des Juifs, le temps et l’espace. Ce point important avait été négligé ou inexactement indiqué par ses prédécesseurs chrétiens, y compris Basnage. De plus, il appela l’attention sur des sources, inconnues pour la plupart, qu’il ne sut peut-être pas suffisamment utiliser, mais qui furent mieux étudiées plus tard.

Mais l’ouvrage de Jost présente un d faut capital : il expose l’histoire des Juifs dans des récits secs, presque arides, lui donne un caractère mesquin et lui enlève ce prestigieux éclat qu’elle eut toujours, même aux yeux des chrétiens impartiaux. Il émiette en tout petits fragments cet admirable drame héroïque de plusieurs milliers d’années. Entre les anciens Israélites, aïeux et contemporains des Prophètes et des auteurs des psaumes, et les Juifs, disciples des rabbins, il creuse un abîme artificiel, et il les montre tellement distincts les uns des autres qu’ils paraissent n’avoir aucun lien de parenté entre eux. Jost ne voit dans l’histoire qu’une suite d’accidents, d’événements amenés par le hasard et indépendants de toute loi.

Les imperfections de l’œuvre de Jost proviennent, en partie, de ce que l’auteur ne s’était pas assez sérieusement préparé à cette Miche. Pourtant, les documents ne, manquaient pas. Mais il fallait savoir les découvrir, il fallait aussi pouvoir distinguer les parcelles d’or disséminées dans une énorme quantité de minerai sans valeur. Jost n’en fut pas capable.

Ces qualités de critique sagace et avisé qui manquaient à Jost, deux savants galiciens les possédaient, alors à un, haut degré.