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Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/397

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dédain pour la race dont ils étaient issus, la trahison dont ils se rendaient journellement coupables à l’égard de leurs croyances lui apparaissaient comme autant de signes précurseurs de la disparition prochaine du judaïsme. Afin de remédier à cette triste situation, il écrivit un ouvrage, destiné principalement à la jeunesse, où il exposa ses vues sur la signification et la valeur du judaïsme. Déjà dans ses Chants d’Obadia, il avait exprimé les craintes que lui inspirait l’état d’esprit de ses contemporains juifs. Je ne redoute pas, fait-il dire à son héros, les temps de souffrances communes, car, alors, ceux qui souffrent ensemble restent unis comme les bœufs accouplés sous le même joug. Les temps de complète liberté ne m’effraient non plus. Ce qui me parait dangereux, c’est la période où les lois restrictives commencent à être appliquées avec modération sans être complètement abolies, où la liberté est promise, mais n’a pas encore été accordée. Pendant cette période, l’abandon des traditions de nos aïeux semble offrir des avantages, et le désir des jouissances matérielles fait oublier ce qui est éternel. Il s’était également prononcé très sévèrement à l’égard des renégats.

Dans le nouvel ouvrage qu’il publia (1835) et qu’il appela La Révélation d’après la doctrine de la Synagogue, il se proposait surtout d’instruire. Il y soumet les enseignements du judaïsme à un examen rigoureux et arrive à cette conclusion qu’ils méritent l’admiration de tous les hommes et donnent satisfaction à la conscience. Après avoir montré que tous les penseurs juifs se sont efforcés de prouver que les principes du judaïsme s’accordent avec les idées émises par la philosophie sur le monde supérieur, Steinheim s’étonne qu’on croie nécessaire de démontrer que la religion juive est conforme à la raison. Selon lui, en effet, la religion la plus conforme à la raison est le paganisme, dans ses diverses phases, le paganisme dont la morale est si déplorable, où les brigands, les voleurs, les adultères, tous les criminels pouvaient trouver leurs modèles dans les dieux et les demi-dieux. Et si le christianisme continue à répudier ses éléments juifs, comme le lui conseillent Schleiermacher, Hegel et leurs disciples, il s’abaissera également au rang du paganisme. L’amour et la haine représentés par Ahriman et Ormuzd, ou bien