Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/399

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était d’humeur gaie, d’esprit vif, très sociable, avec une intelligence ouverte aux diverses sciences. Hirsch était plus sérieux, très renfermé, d’esprit étroit.

Geiger (né à Francfort-sur-le-Mein en 1810 et mort à Berlin en 1875), issu d’une famille de rabbins, se montra ennemi acharné du Talmud et du judaïsme rabbinique et combattit avec passion en faveur des réformes. Il commença la lutte par la fondation de sa Wissenschaftliche Zeitschrift für jüdische Theologie (1835). Ce journal prit, dès le début, des allures révolutionnaires. Avec une présomption naïve, il s’érigea en juge suprême de la religion juive et de ses chefs, distribuant gravement le blâme et l’éloge. Par contre, il partit vaillamment en guerre aussi bien contre les adversaires des Juifs que contre les Juifs mêmes qui, par faiblesse, voyaient encore dans le christianisme l’idéal des religions. Il eut aussi le mérite de remettre en lumière des épisodes et des personnages de l’histoire juive qui étaient oubliés ou insuffisamment connus, et de faire œuvre de vulgarisation en publiant, sous une forme accessible au public, les résultats de certaines recherches scientifiques. Par la chaleur de ses plaidoyers et l’impétuosité de ses attaques, cet organe agita fortement les milieux juifs et imprima une vigoureuse impulsion aux travaux des savants. Le temps n’est pas encore arrivé où l’on puisse affirmer avec certitude si son action fut heureuse ou nuisible pour le judaïsme de l’Allemagne.

Un reproche grave qu’un peut cependant adresser à la Wissenschaftliche Zeilschrift, c’est d’avoir propagé cette erreur que le judaïsme est, eu quelque sorte, une théologie, c’est-à-dire un ensemble de dogmes, et d’avoir voulu métamorphoser les rabbins en prêtres. Geiger ne cultiva pas la science juive pour elle-même ; il chercha surtout à s’en servir pour dépouiller la judaïsme de tout ce qui fait son originalité. Il déploya pourtant un véritable courage en flétrissant la conduite de ces financiers et de ces prétendus éclairés qui, sans conviction, embrassaient le christianisme, et en ridiculisant les familles juives qui, dans leurs maisons, singeaient les usages chrétiens. Mais, d’un autre côté, en déclarant la guerre à d’anciennes coutumes et à de vénérables traditions, en formant de la prédication et des prières dans la