Aller au contenu

Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/408

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

lord Palmerston, ministre des Araires étrangères de l’Angleterre. Cette démarche eut lieu le 1er mai.

Louis-Philippe accueillit Crémieux avec affabilité, mais ne répondit que d’une façon évasive : Vous savez, dit-il, que ma protection et ma bienveillance n’ont jamais manqué à vos réclamations. J’ignore les événements dont vous me parlez. Mais, s’il est sur un point quelconque des Juifs malheureux qui réclament la protection de mon gouvernement et que mon gouvernement puisse quelque chose, je répondrai à votre vœu. Lord Palmerston, au contraire, promit à la délégation juive d’inviter l’ambassadeur anglais à Constantinople et le consul anglais d’Alexandrie à intervenir avec fermeté en faveur des Juifs de Damas. Enfin, d’un troisième côté, on travailla efficacement à faire cesser les agissements de Ratti-Menton. On sait que le consul d’Autriche à Damas, Merlato, avait protesté dès l’origine contre les traitements inhumains infligés aux inculpés et défendu qu’on soumit à la torture Picciotto, protégé autrichien, qui avait été également jeté en prison. Afin de justifier sa conduite, il avait envoyé à son chef, consul général à Alexandrie, un rapport détaillé où il présentait cette affaire sous son vrai jour. Le consul général transmit ce document au prince de Metternich, à Vienne, avec son approbation. Le ministre autrichien, quoique ennemi de toute publicité, fit pourtant connaître par de nombreux journaux le rôle odieux joué par Ratti-Menton dans ce drame. Il réussit ainsi à modifier l’opinion publique, favorable d’abord aux accusateurs, et dès lors on pouvait espérer que la cause de ta justice triompherait.

D’ailleurs, les Juifs d’Europe se sentaient encouragés dans leurs démarches par un premier succès qu’ils venaient de remporter à Constantinople. Sur leurs instances, les représentants des puissances européennes avaient demandé au Sultan et obtenu la révision du procès des Juifs de l’île de Rhodes. Nathaniel de Rothschild s’était rendu lui-même dans la capitale de la Turquie pour joindre ses efforts à ceux des ambassadeurs. À la suite de ces démarches, Abd-ul-Medjid avait décidé, par le firman du 27 juillet 1840, que la population grecque déléguerait trois primats à Constantinople et la communauté juive trois de ses administrateurs pour discuter contradictoirement l’accusation de