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Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/416

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était une calomnie. Dans ce but, Montefiore se rendit à Constantinople, où il fut reçu en audience par le sultan (28 octobre). Sur sa demande, Abd-ul-Medjid lui accorda un firman où il déclarait qu’après un examen approfondi des livres religieux des Hébreux, il a été démontré qu’il est absolument défendu aux Juifs de taire usage non seulement du sang humain, mais mime du sang d’animaux. Il s’ensuit conséquemment de cette défense que les charges portées contre eux et leur culte ne sont que des calomnies. Et il ajoutait : Nous voulons que… la nation juive possède les mêmes avantages et jouisse des mêmes privilèges que ceux qui sont accordés aux autres nations soumises à notre autorité. Ce firman est du 6 novembre 1840.

Crémieux exerça son activité sur un autre terrain. L’affaire de Damas avait eu, au moins, cette conséquence heureuse de mettre en contact plus intime les Juifs d’Europe et ceux d’Orient. Ceux-ci avaient remarqué avec admiration combien leurs frères des pays européens avaient su acquérir d’influence et de considération auprès des ministres et des princes par leur dignité de caractère, leur culture et leur loyauté. Crémieux résolut de profiter de cette impression pour essayer d’arracher une partie des Juifs d’Orient à leur ignorance et à leurs misères en créant des écoles. Afin d’intéresser les Juifs d’Égypte à cette création, Munk leur adressa un appel en hébreu et en arabe où il montrait la brillante situation que leurs ancêtres avaient occupée autrefois dans ce pays et l’état d’abaissement dans lequel ils se trouvaient, eux, et qui était dû à leur profonde ignorance. à la suite de cet appel, les Juifs du Caire fondèrent une école de garçons et une école de filles, qui turent appelées écoles Crémieux. Comme la communauté se déclarait impuissante à les soutenir par ses seules ressources, Crémieux promit de leur faire envoyer d’Europe des subsides annuels. Munk obtint, malgré l’opposition de quelques Rabbanites intolérants, qu’on admit également dans ces écoles les enfants de la communauté caraïte, qui comptait alors au Caire environ cent rîmes.

Entraîné par le mouvement provoqué en Égypte en faveur de l’instruction et du progrès, Moïse Fresco, hakham baschi ou grand-rabbin de Constantinople, adressa une circulaire aux Juifs