Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/418

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enthousiasme. Dans toutes les villes qu’ils traversèrent, leurs coreligionnaires leur présentèrent des adresses, des diplômes sur papier, sur parchemin ou sur soie, des présents de toute sorte avec les inscriptions les plus élogieuses. Des pays les plus divers ils reçurent d’éloquents témoignages de la reconnaissance juive pour leur heureuse intervention. Crémieux, qui était parti le premier, fur accueilli comme un triomphateur à Corfou, Venise, Trieste, Vienne, Francfort, Mayence (novembre-décembre 1840). Avec une naïveté vraiment touchante, les rabbins orthodoxes de Prague et de Nicolsbourg, dans leur désir de lui manifester leur gratitude, lui adressèrent le diplôme de morênou (rabbin), parce que c’était là, à leurs yeux, le titre le plus précieux.

Montefiore, qui s’était arrêté quelque temps à Constantinople pour obtenir du sultan un firman en faveur des Juifs, revint plus tard que Crémieux. Il entra en contact avec moins de communautés que le délégué français, parce qu’il fit la plus grande partie du trajet sur mer. Par contre, il fut débordé de lettres, de poésies, d’adresses. À Rome, il rendit visite au cardinal Rivarol, le chef des capucins, et il obtint de lui la promesse qu’on enlèverait de l’église des capucins, à Damas, la pierre tumulaire dont l’inscription attribuait aux Juifs le meurtre du pure Thomas. Louis-Philippe lui-même, qui avait montré tant de tiédeur dans cette affaire de Damas et auquel il fut présenté par l’ambassadeur d’Angleterre (20 février 1841), le félicita du succès de sa mission. La reine Victoria, en récompense de son dévouement, l’autorisa à ajouter à ses armes des supports, accordés seulement aux pairs d’Angleterre et aux personnages du plus haut rang, et à porter dans ses armes l’inscription hébraïque : Jérusalem.