Aller au contenu

Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/426

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

par la Bible. Les réformés de ce temps avaient pourtant une idée plus élevée de leur dignité de Juifs que les éclairés du temps de Henriette Herz et de Friedlænder, ils se montraient insensibles aux séductions du christianisme. De toute la communauté, qui comptait environ mille âmes, pas un ne se fit baptiser. Tout en ayant modifié profondément la religion de leurs aïeux, ils tenaient à être considérés comme adeptes du judaïsme.

Les réformes préconisées par Holdheim ne furent adoptées, en dehors de Berlin, par aucune communauté d’Europe ; elles furent accueillies plus favorablement dans les États-Unis d’Amérique. Dans ce pays, des émigrants venus des points les plus divers, mais surtout de la Bavière, de la Bohème, de l’Allemagne occidentale et du duché de Posen, avaient organisé depuis une dizaine d’années un certain nombre de communautés. Comme ces communautés étaient composées d’éléments hétérogènes et très variables, ne possédaient pas de traditions et jouissaient d’une indépendance absolue, elles suivaient très facilement l’impulsion que leur donnaient leurs chefs religieux. Les rabbins imbus des idées de Holdheim pouvaient donc les mettre en pratique sans rencontrer de résistance sérieuse. C’est ainsi que s’organisèrent en Amérique un certain nombre de communautés sur le modèle de la synagogue réformée de Berlin.

Pourtant, à Berlin même, le zèle des membres du groupe réformé ne persista pas longtemps. D’abord Holdheim avait fait célébrer des offices le samedi et le dimanche, comme dans les premiers siècles du christianisme, du temps des Judéo-Chrétiens. Mais bientôt, à cause du trop petit nombre de fidèles qui venaient au temple le samedi, il n’y eut plus d’offices que le dimanche, et même en ce jour les abstentions ne cessèrent d’augmenter. Les fondateurs du nouveau culte purent encore constater eux-mêmes l’échec de leur entreprise. Il n’appartient pas encore à l’histoire d’indiquer avec précision les motifs de cet insuccès. Ce qu’on peut affirmer cependant, c’est que, quelques années après sa fondation, la communauté réformée trouva en face d’elle, à Berlin, un adversaire qui lui porta les coups les plus rudes, parce qu’il la combattit avec une éloquence entraînante et une ardente conviction. Cet adversaire était Michel Sachs.