Aller au contenu

Page:Graffin - Nau - Patrologia orientalis, tome 2, fascicule 2, n°7 - Les Apocryphes Coptes.djvu/13

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
[11]
127
INTRODUCTION.

attribuons à l’Évangile des douze Apôtres, un ton de bonne foi historique et de simplicité qui est tout à fait étranger aux nouveaux fragments de l’Évangile gnostique et très apprêté de saint Barthélemy. Certains récits se rap-< prochent beaucoup, comme saveur spéciale, de ces Costa Pilati que les Pères des second, troisième et quatrième siècles croyaient authentiques et dont Tischendorf a magistralement démontré l’existence actuelle dans la première partie de l’Évangile de Nicodème. L’un d’eux semble même faire suite, en quelque sorte, au 13e chapitre ; et j’avais d’abord pensé à une partie perdue de ces Gesta Pilati. Mais si l’on rapproche ce récit des récits antérieurs de l’Évangile des douze Apôtres sur Pilate, songeant d’abord à faire roi le Christ, se brouillant à ce sujet avec Tibère, etc., on a grande tendance à voir dans la conversion de Pilate, après son instruction judiciaire sur le fait de la résurrection du Christ, une suite toute naturelle de ce premier Evangile, inspiré, du reste, par des traditions analogues à celles qu’on trouve dans les Gesta Pilati et dans la célèbre lettre de Pilate à l’empereur.

Il n’y a pas eu, je le répète, d’autre récit parallèle à celui des Évangiles canoniques en dehors des Gesta et des trois évangiles apocryphes signalés plus haut. Or les fragments des Évangiles de saint Pierre et de saint Barthélémy font toujours parler leurs auteurs prétendus à la première personne. Dans nos textes, saint Pierre et saint Barthélemy sont nommés a la troisième personne, ainsi que chacun des autres Apôtres. L’auteur supposé n’est donc pas un Apôtre. Mais, ainsi que cela avait été dit par les auteurs de la Bible de Vence pour l’Évangile des douze Apôtres -qui seul subsiste pour nous comme origine probable, cet auteur prétendait avoir reçu ces traditions de tout le collège apostolique.

Quel était-il ? Lui aussi il parle souvent à la première personne, en semblant s’adresser aux chrétiens qui l’écoutent et qu’il interpelle parfois. Mais il ne se nomme qu’une seule fois et c’est justement dans le fragment relatif à Pilate juge d’instruction sur le fait de la résurrection. Là il dit « Moi Gamaliel, je le suivais (Pilate) au milieu de la foule. » Le docteur de la loi Gamaliel est cité par les Actes des Apôtres comme ayant pris la défense des disciples du Seigneur devant les prêtres juifs (Actes, v, 34-39). Il est indiqué aussi comme ayant été le maître de saint Paul (Actes, xxn, 3). La tradition en fait donc un converti et cette tradition n’est pas seulement une tradition chrétienne, mais une tradition juive. En effet M. Lowe dans son « Fragment of Talmud Babli, Psachim » et M. Nicholson dans son « Gospel according to the Hebrews » ont attiré l’attention sur un fragment très intéressant du Talmud de Babylone (Shabbath) relatif à Imma Shalom (= Salomé), fille de Habbi Éliézer (ben Hyrcanus) et sœur de Rabban Gamaliel le jeune. Le Rabban Ga-