Page:Grammont - Petit traité de versification française, 1908.djvu/100

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la précède qu’à ceux qui la suivent, bien que la coupe reste soigneusement observée. L’effet produit est un peu moins fort, parce que le rejet n’est pas précédé d’une rime et rarement d’une pause ; les procédés de prononciation sont les mêmes, augmentation d’intensité ou changement d’intonation ; la différence est donc bien petite ; on aura quelque peine à en reconnaître une entre cet exemple de Molière :

 … Dites-lui seulement que je vien
De la part de Monsieur | Tartuffe, pour son bien.

(Tartuffe)

et celui-ci de Racine :

Mais j’aperçois venir madame la comtesse
De Pimbesche. Elle vient pour affaire qui presse.

(Les Plaideurs)

La comparaison n’est pas moins frappante dans les passages suivants de V. Hugo, qui donnent à la fois les deux espèces de rejet :

À Toulon, le fourgon | les quitte, le ponton
Les prend ; sans vêtements, sans pain, sous le bâton.

(Les Châtiments)

 … comme un cèdre au milieu des palmiers
Règne, et comme Pathmos | brille entre les Sporades.

(Le Travail des Captifs)

Puis tremble, puis expire, et la voix qui chantait
S’éteint comme un oiseau | se pose ; tout se tait.

(Éviradnus)

Il fit scier son oncle Achmet entre deux planches
De cèdre, afin de faire | honneur à ce vieillard.

(Sultan Mourad)

Tous les faux trimètres de Racine, dont on a cité quelques-uns plus haut (p. 60), ont leur vraie place