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À la queue de nos chiens, moi seul avec Drécar.

(Molière)

L’e après consonne. — Enfin quand l’e vient après une consonne, soit dans l’intérieur, soit à la fin d’un mot, il paraît avoir été, dès la fin du xve siècle, muet ou sonore dans le parler ordinaire à peu près dans les mêmes conditions qu’aujourd’hui. On trouve parfois un reflet de cette prononciation chez les poètes du xvie siècle :

Tu te travaille en vain.

(Marguerite de Navarre)

Jupiter, s’il est vrai que tu fusse’ amoureux.

(Desportes)

Mais plus ell’ nous veut plonger
Et plus ell’ nous fait nager.

(Ronsard)

Le xviie siècle n’a pas toléré cette liberté, et, au xixe, si on laisse de côté les chansonniers qui sont à part, on ne la rencontre qu’exceptionnellement :

Que tu ne puisse encor sur ton levier terrible.

(Musset)

Tu l’emporte, il est vrai ; mais lorsque tu m’abats.

(Lamartine)

Pourtant certains poètes du dernier quart du xixe siècle se sont fait comme une règle de supprimer l’e muet. Malheureusement il n’y en a pas qui se soient en cela conformés exactement à l’état réel de la langue ; parfois ils ont supprimé des e qui se sont toujours prononcés et d’autres fois ils en comptent que l’on ne prononce pas.