Aller au contenu

Page:Grammont - Petit traité de versification française, 1908.djvu/18

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fluence de Corneille. Nous lisons encore chez Rotrou :

Nous souffrions plus que lui par l’horreur de sa peine,

mais on y trouve déjà dans la même pièce (Saint-Genest) :

Voudri-ez-vous souffrir que dans cet accident.

L’état actuel. — On voit par là quelles modifications considérables ont subies au cours des siècles la langue et l’usage des poètes. Aujourd’hui, sauf le cas de la règle de Corneille qui est strictement observée, l’anarchie est complète ; dans le même mot le même poète compte deux syllabes ou une seule selon qu’il a besoin d’une syllabe de plus ou de moins pour son vers :

De sa vue, hier encor, je faisais mon délice.

(Coppée)

Or, ce fut hi-er soir, quand elle me parla.

(id.)

Marqué du fou-et des Furies.

(Musset)

J’oserais ramasser le fouet de la satire.

(id.)

Sur la terre où tout jette un miasme empoisonneur.

(Hugo)

Mêlé dans leur sépulcre au mi-asme insalubre.

(id.)

L’opi-um, ciel liquide.

(Gautier, syll.)

D’opium usé.

(id., syll.)

Hier monosyllabe et fou-et dissyllabe sont conformes à la prononciation du xie siècle ; fouet n’est que mo-