Page:Grammont - Petit traité de versification française, 1908.djvu/38

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portant, parce que la rime de ces mots contient une consonne avant la voyelle tonique ; mais on préfère de beaucoup faire rimer bonté avec persécuté, trouvée avec corvée, trouva avec il va, puni avec un nid, abattu avec vertu. C’est dire que l’on évite d’accoupler des mots appartenant à un même type de formation ou à une même catégorie grammaticale. Lorsque de pareils mots n’ont rien pour rimer avant la voyelle tonique, on les rejette absolument : aimé ne rime pas avec porté, ni chanter avec pleurer, ni chercha avec donna, ni puni avec parti, ni vendu avec résolu. C’est qu’alors une autre considération entre en jeu : de pareilles rimes ne sont à proprement parler que des assonances. Dans les poèmes assonancés la rime apparaissait déjà parfois, mais sans être cherchée ; les deux derniers vers du passage de la Chanson de Roland cité plus haut en fournissent un exemple. Quand pour obtenir la rime on exigea, outre l’homophonie de la voyelle tonique, celle de tout ce qui suivait cette voyelle, il n’y eut pas de différence entre la rime et l’assonance dans les cas où la voyelle tonique finissait le mot. On accueillit donc dans les ouvrages rimés une importante catégorie d’assonances ; mais on remarqua bien vite qu’elles fournissaient des ressources trop faciles à la médiocrité et n’offraient pas à l’oreille une ampleur de son comparable à celle des autres rimes. On évita ce danger : 1o  par les prohibitions qui viennent d’être énumérées, 2o  par la recherche de la rime riche.

L’assonance dans les poèmes rimés. — Grâce à ces prohibitions, l’assonance ne fut plus guère acceptée comme rime qu’entre des mots appartenant à des types grammaticaux différents et surtout quand