Page:Grammont - Petit traité de versification française, 1908.djvu/39

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’un des deux était un monosyllabe. En outre les poètes soigneux de leurs rimes ne les admirent que dans des vers rimant deux à deux :

Une triste pensée..............
Glace ta grandeur taciturne ;
Telle en plein jour parfois, sous un soleil de feu,
La lune, astre des morts, blanche au fond d’un ciel bleu,
Montre à demi son front nocturne.

(Hugo, Les Orientales, xxxviii)

Les combinaisons de la rime. — Quand les rimes se succèdent ainsi deux à deux on les appelle rimes plates ou suivies ; quand les vers masculins alternent avec les féminins, elles sont dites croisées :

Sur la pente des monts les brises apaisées
Inclinent au sommeil les arbres onduleux ;
L’oiseau silencieux s’endort dans les rosées
Et l’étoile a doré l’écume des flots bleus.

(Leconte de Lisle)

Quand deux vers à rimes plates sont entourés par deux vers rimant entre eux, les rimes sont dites embrassées :

Déplorable Sion, qu’as-tu fait de ta gloire ?
Tout l’univers admiroit ta splendeur,
Tu n’es plus que poussière ; et de cette grandeur
Il ne nous reste plus que la triste mémoire.

(Racine, Esther)

Enfin on nomme les rimes redoublées quand la même est répétée plus de deux fois, et mêlées ou libres quand les diverses combinaisons précédentes sont réunies.

La rime riche. — Lorsque les rimes ne se suivent pas deux à deux, elles ont besoin d’une sonorité plus